Nota : n’oubliez pas de cliquer sur les imagettes pour voir les photos en grand format.
Si vous avez lu mes deux articles précédents sur l’exposition
photographique, vous avez acquis de bonnes bases pour apprendre à exposer
correctement vos photos. L’on peut aller bien plus loin dans ce domaine, et
nous irons un de ces jours, mais pour l’heure, nous allons nous intéresser à un
autre sujet, encore plus important que l’exposition : la composition.
Je dis « plus important », car même si vous ne
savez pas, par vous-même, quels principes gouvernent l’utilisation de la
lumière en photographie, il y a de bonnes chances que votre boîtier, lui, le
sache, et qu’il fasse la plupart du temps, tout seul, un travail tout-à-fait
acceptable dans ce domaine. En revanche, même le boîtier le plus sophistiqué ne
sait pas (pour le moment, en tous cas) composer la photo de telle sorte qu’elle
soit harmonieuse, dynamique, sereine, provocante, ou tous autres attributs que
vous, l’auteur, avez l’intention de lui conférer… ce que vous êtes seul à
savoir !
Composer une photo, c’est donc positionner dans le cadre, de
manière harmonieuse et conforme à vos souhaits, les différents éléments qui
vont devoir y entrer. Il y a pour cela, en restant simple, une règle de base à
apprendre, et quelques corollaires qu’il ne faut pas perdre de vue.
« Dans le cadre », dites-vous ? Oui, mais
quel cadre ? Bonne question : le premier choix à faire en matière de
composition, c’est celui de la focale à utiliser. Il est évident que, debout au
même endroit en face d’une cathédrale, d’une plage ou d’un rosier, vous n’obtiendrez
pas du tout la même photo selon que vous utiliserez un grand-angle, un objectif
dit « normal », un court télé, un long télé, un objectif macro, etc.
Même si votre boîtier ne vous permet pas de changer d’objectif, votre cadre
changera selon que vous zoomerez ou dézoomerez, et si vous n’avez qu’une seule
focale fixe, vous aurez toujours la possibilité de « zoomer avec les pieds »,
en vous déplaçant physiquement —exercice d’ailleurs excellent, très formateur, et
auquel les propriétaires de « zooms-paresse » devraient s’astreindre
plus souvent !
Une fois la focale choisie, votre cadre est donc déterminé,
ainsi que les éléments qui pourront y être inclus en fonction de l’angle de
champ et du grossissement de la focale choisie, et partant bien sûr du principe
que vous ne vous déplacerez plus, sinon tout change de nouveau.
« Oui, mais c’est quoi, au juste, l’harmonie ? »
dites-vous maintenant. Il est vrai que, dans une certaine mesure, l’harmonie, l’esthétique,
sont des notions subjectives qui sont affaire d’appréciation personnelle.
Cependant, nous faisons tous partie de l’espèce Homo sapiens, la plupart d’entre nous vivent dans ce qu’on appelle « le
monde occidental », et ce qui, à l’œil, semble harmonieux et bien
proportionné est bien plus « normalisé » que l’on ne pourrait le
penser. C’est pourquoi l’on peut en premier lieu s’appuyer sur la règle de
base, dite règle des tiers, que l’on peut expliquer brièvement comme suit :
divisez le cadre en tiers, dans le sens de la hauteur et de la largeur, et
positionnez les éléments importants de votre photo sur ou aux environs des
lignes de partage, voire mieux encore, à leurs intersections.
La première règle concerne les regards. Quand votre sujet
possède un regard (être humain ou animal), et que ce regard n’est pas dirigé
droit vers l’appareil mais vers l’un des bords de l’image, il est important de
laisser de l’espace à ce regard pour voyager. Décadrez donc afin qu’il ne
paraisse pas buter tout de suite contre le bord du cadre.
Ici, j’ai cadré de sorte à laisser de l’espace dans la direction du regard de la mouette. |
Mais bien sûr, toute règle possède ses exceptions :
Ici, j’ai cadré la mouette du « mauvais côté » de
l’image du point de vue de son regard, afin de montrer le mouvement de l’eau dérangé par son récent envol. |
Autre corollaire important : utilisez les perspectives,
les alignements, la répétition de motifs identiques ou similaires, servez-vous
des angles de l’image pour « faire sortir » ou « faire entrer »
les trajectoires, les directions que l’œil peut détecter dans votre photo.
Comme souvent, quelques exemples seront plus parlants :
Ici la clôture de barbelé « sort » du cadre par l’angle inférieur gauche. |
Les feuilles de papier qui sèchent « voyagent »
de l’angle supérieur gauche à l’angle inférieur droit, qui est le sens de lecture de nos langues occidentales. |
Les traces de roues « sortent » par l’angle inférieur gauche. |
Brume matinale sur le lac de Genève, la règle des tiers n’est
pas véritablement respectée mais l’ambiance ouatée est prenante et l’on oublie de saisir son double-décimètre…! |
Pensez aussi à adopter un point de vue un peu original,
différent de ce que l’on voit partout : pour photographier de banales
fleurs des champs, allongez-vous sur le sol et photographiez-les du dessous…
Un point de vue inhabituel donne à un sujet banal un relief nouveau… |
Si vous choisissez d’écarter la règle des tiers au bénéfice
d’une composition symétrique ou presque, rien ne vous en empêche…
Symétrie quasi-parfaite d’une « HLM » vénitienne. |
Orage d’été sur la lagune de Venise : le ciel était
tellement magnifique qu’il n’était pas question d’en perdre une partie pour réserver un tiers du cadre à la mer ! |
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