Il ne se passe guère de semaine sans que je n’aie sous les yeux un article ou un autre consacré aux montres de la marque suisse Rolex ; cela a été encore le cas aujourd'hui, dans Le Point. Certes, elles sont célèbres, ont été et demeurent portées par nombre de stars et de célébrités en tout genre. Néanmoins, au-delà du statut qu’une certaine actualité avant tout soucieuse de frime leur confère, je trouve personnellement qu’elles n’ont rien de bien remarquable.
Je m’entends : la principale qualité d’une montre, c’est
de donner l’heure, de la manière la plus exacte et précise possible, et surtout en variant
le moins possible dans le temps. Or, de ce point de vue, et nonobstant l’excellence de leur fabrication, les Rolex souffrent d’un défaut inhérent à leur
conception même : ce sont des montres dites « automatiques »,
autrement dit dotées, non pas d’un mouvement à quartz, mais d’un mouvement
mécanique, qui se remonte tout seul grâce aux mouvements du poignet. Vous laissez votre Rolex posée sur votre table de nuit: au bout de quelques jours, elle s'arrête. Et même si elles
ont obtenu l’appellation, en apparence flatteuse, de «chronomètre
officiellement certifié», ces montres mécaniques sont beaucoup moins
précises que de bonnes montres à quartz de milieu de gamme.
Lorsque j’étais jeune avocat, au milieu des années 80, j’ai
acheté, dans la boutique officielle Rolex qui se trouvait alors (et est
peut-être encore) à côté de la place de l’Étoile à Paris (avenue de la Grande-Armée, si je me souviens bien), un modèle dit GMT-Master II. Sarkozy n’était pas encore passé par là, mais en la portant, je n’étais
pas peu fier d’exhiber cet évident symbole de réussite sociale, m’efforçant d’oublier
qu’à mon poignet plutôt frêle, car cassé quelques années auparavant lors d’un
accident de moto, cette montre paraissait bien massive.
La Rolex GMT-Master II “leste” copieusement les poignets fins... |
Rapidement, toutefois, j’allais devoir déchanter. Ma magnifique et coûteuse Rolex retardait. De plusieurs minutes. À tel point que c’en
était flagrant pour moi, qui étais habitué depuis quelques années à je ne sais
plus quelle montre à quartz banale, et à sa précision, devenue banale elle
aussi. Frustré, car j’allais sans nul doute devoir m’en passer pendant des
jours, je la rapportai à la boutique. En fait, on me la garda plusieurs semaines. Puis, on me la rendit, et la nouvelle déception fut plus éprouvante encore que la première: elle ne
restait pas mieux à l’heure. Elle retardait toujours, oh! pas beaucoup,
de trois ou quatre minutes au bout d’une semaine ou deux, mais enfin, pour une
montre de ce prix et de cette réputation, c’était vraiment vexant…!
Quand vous en parlez à un connaisseur honnête, on vous avoue qu’il n’y a tout simplement pas moyen de faire mieux.
Mon énervement fut tel que je me résolus à remiser cette montre
dans son bel écrin vert et à ne plus l’utiliser. Elle ne me paraissait vraiment
pas assez fiable. Et plus tard, délocalisé à Lyon au milieu des années 2000, je
la revendis à un horloger du coin, spécialisé dans les montres de luxe de
seconde main.
Entretemps, dans les années 90, j’avais concrétisé mon autre rêve de montre d’adolescent en faisant l’acquisition d’une montre Tank de Cartier, un magnifique modèle Louis Cartier en or (et, surtout, à quartz !) autrement plus élégant que la lourdaude Rolex. Que puis-je en dire, si ce n’est que je la porte encore aujourd’hui, plus de vingt ans plus tard, cinq jours par semaine, et que moyennant un changement de pile tous les trois ou quatre ans, elle fonctionne impeccablement, sans panne ni retard ni avance discernable?
Le modèle actuel, en or rose |
Cette photo illustre le modèle que je possède. Elle est très mauvaise, je ferai une photo de la mienne pour la remplacer. |
Ma Tank (détail) |
Et pour le week-end, ou lorsque je me livre à des activités
plus nautiques, plus rustiques ou plus sportives, je possède une Citizen Satellite
Wave H950 en titane parfaitement adéquate, verre saphir inrayable (et j’ai
essayé!), étanche à 10 atmosphères, qui se synchronise partout dans le
monde, même au milieu de l’océan, sur les signaux horaires envoyés par les
satellites, et qui demeure ainsi toujours à l’heure à la seconde près.
La Citizen qui est ma montre “tous-terrains” |
Que demander de plus ? Cette Citizen fait avec
excellence tout ce que je lui demande et supporte sans broncher tous les mauvais
traitements que je lui inflige. Elle et ma délicieuse Tank sont deux montres
dont je dirai qu’elles sont parfaitement adéquates.
Quant à ma Rolex, je ne l’ai jamais regrettée. En vérité, si
j’ai regretté quelque chose, c’est bien de l’avoir un jour achetée.
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