La crise, paraît-il, est partout. Les gens sont inquiets pour l’avenir. Le chômage gagne, la pauvreté touche maintenant les classes moyennes, et même des personnes disposant d’un salaire régulier sont obligées de coucher dans leur voiture faute de pouvoir se payer un logement...
Je ne doute pas, évidemment, que tout cela soit vrai. Néanmoins, je voudrais aussi souligner quelques évidences que chacun peut constater par soi-même.
La crise est partout, mais les restaurants sont pleins. Au pied de l'immeuble qu’habite ma mère, dans l’est parisien (pas dans le XVIe, donc), se trouve une pizzeria pas franchement bas de gamme, puisqu’on en a facilement pour 70 euros à deux. Eh bien, non seulement cette pizzeria affiche complet tous les soirs, y compris en semaine, mais encore son propriétaire a-t-il racheté successivement deux locaux commerciaux voisins (anciennement occupés par une galerie de tableaux et un établissement de crédit) pour agrandir la salle de son restaurant! Et il y a encore, bien souvent, la queue à l’extérieur... Or, on y mange correctement, c’est certain, mais enfin, quoi, ce n’est jamais qu’une pizzzeria comme tant d’autres!
La crise est partout, mais on voit sur la route un nombre impressionnant de voitures flambant neuves, et personnellement je ne fais pas le moindre trajet domicile-bureau sans croiser plusieurs derniers modèles de haut de gamme fabriqués outre-Rhin... et à en juger par l’enthousiasme avec lequel leurs conducteurs sollicitent l'accélérateur, l’addition à payer à la pompe n’a pas l’air de leur causer beaucoup d’anxiété. La consommation de carburant a, paraît-il, diminué en mars, pourtant je constate toujours, autour de Lyon, la même densité d’embouteillages, preuve que, lorsque je me rends à mon travail le matin, beaucoup de gens font la même chose —et, partant, ont donc un emploi.
La crise est partout mais, pour une simple petite intervention sur ma voiture, mon garage (pas situé dans une zone à hauts revenus) me fait attendre presque deux semaines, en affirmant qu’il ne sait plus où donner de la tête tellement il a de travail... Or, comme chacun le sait, les tarifs de la réparation automobile ont énormément augmenté ces dernières années (ils auraient tort de s’en priver, apparemment), et de plus nous ne sommes même pas encore à la veille des vacances d’été! Quant aux plombiers, vous savez ce qu’il en est.
La crise est partout mais, lorsque Nikon sort un nouveau boîtier à 3.000 dollars (ou 3.000 euros, oublions la peccadille selon laquelle l'euro vaut 30% de plus que le dollar...), les commandes sont tellement nombreuses qu’elles dépassent totalement les prévisions industrielles du fabricant, causant une pénurie au niveau mondial...
La crise est partout mais, lorsque j’essaie de réserver un hôtel pour passer quelques jours cet été à Rome ou au bord du lac de Côme (les prix là-bas sont absolument hallucinants!), j’ai toutes les peines du monde pour trouver un hôtel de bon standing qui ait encore de la place... et nous sommes mi-avril, quatre mois à l’avance...
La crise est partout mais tout récemment, une jeunette de vingt et quelques années, fraîche émoulue de l'université à qui on proposait un stage (bien rémunéré!) de six mois, l’a refusé en nous faisant remarquer que venir jusqu’à notre campus (par un bus direct depuis le centre ville, sans le moindre arrêt) allait lui prendre une demi-heure, et que c’était trop loin... Pauvre bichette qui a encore beaucoup à apprendre de la vie —mais il y a là, une fois encore, des parents qui n’ont pas fait leur métier!
La crise est partout et tous les commerçants se plaignent... mais leurs heures d’ouverture demeurent imperturbables, et leurs congés aussi. Certes, ils courent éperdument après les rares clients, mais enfin, disons, ils courent à une allure raisonnable... Ce que l’on comprend, d'ailleurs, quand on a le malheur d'aller au centre commercial de la Part-Dieu un samedi après-midi, en se disant qu'avec la crise, justement, il n’y aura sans doute pas trop d'affluence... Eh bien, (très) mauvais calcul! Et si c’est ainsi à Lyon, j’imagine commen ce doit être à Paris.
Tout ce que je constate et que je rappelle ci-dessus, chacun peut également le constater. Certes, les situation difficiles, voire dramatiques existent, il serait absurde de le nier. Mais il me semble aussi que l’on exagère grandement, en tous cas à ce jour, la situation, et ça, finalement, c'est plutôt une bonne nouvelle.
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