Le vignettage, c’est
ce phénomène optique qui, dans certains cas, provoque dans les angles un
assombrissement de l’image. Cet assombrissement provient du fait que les
lentilles circulaires de l’objectif doivent s’accommoder de formats de photos
rectangulaires ou carrés, mais en tous cas présentant des angles droits pour
lesquels un recouvrement suffisant n’est pas toujours prévu ni possible (c’est
le fameux problème de la quadrature du cercle !). Lorsque la formule
optique n’a pas été assez bien calculée, ou lorsque combattre ce défaut renchérirait
trop le coût de l’objectif, ou encore lorsque le vignettage résulte d’un
compromis rendu nécessaire pour traiter d’autres défauts que les ingénieurs
opticiens doivent aussi combattre (manque de piqué, distorsion, aberrations
chromatiques), cet assombrissement apparaît.
De nos jours, il
semble que les opticiens aient davantage tendance à « laisser passer »
ce défaut qui est assez facile à corriger informatiquement, au besoin par le
boîtier lui-même, directement à la prise de vue. Sinon, il peut également être
corrigé, ou au moins atténué, dans les logiciels de traitement d’image : par
exemple dans Photoshop, menu Filter, article Lens Correction, puis onglet
Custom qui donne accès aux deux curseurs Vignette.
« Vignette »,
disais-je… Eh oui, il s’agit là d’un emprunt fait au français, et bien sûr, ce
mot nous renvoie tout de suite à l’idée de « vigne ». À juste titre, puisqu’à
l’origine, une « vignette » était un petit texte, ou un motif
graphique (dessin ou autre) de petite taille, tel qu’on aurait pu l’imaginer
tenir sur une feuille de vigne. Les vignettes se sont répandues, notamment aux
XVIIIe et XIXe siècles, comme motifs ornementaux dans les
angles des pages des livres ou des gazettes, ou comme bordures décoratives,
notamment sur les pages de titre ou de début ou fin de chapitre.
Les vignettes
ont ensuite été utilisées aux débuts du cinéma pour fournir à certaines scènes des
« encadrés » décoratifs ou des légendes explicatives (du genre « Pendant
ce temps-là, au vieux château… »).
Donc, venant
étymologiquement de « vignette », il était logique —et même
inévitable— que le phénomène optique provoquant un certain obscurcissement des
coins de l’image, ressemblant donc à une vignette, s’écrive « vignettage »,
puisque vignette prend deux « t ».
Or, depuis
quelques années, plusieurs magazines photo ont pris la déplorable habitude d’écrire
« vignetage », comme si ce mot était dérivé de « vigne » et
non de « vignette » !
C’est évidemment
une erreur grossière, et notons au passage que nos amis anglo-saxons, eux,
écrivent toujours « vignetting » avec les deux « t » qui s’imposent.
Le français, il est vrai, est de nos jours copieusement écorché par de plus en
plus de gens mais ceux qui, comme moi, professent un certain respect pour leur propre
langue, et particulièrement ceux qui écrivent et publient chaque mois,
devraient s’attacher à ne pas populariser et, partant, à accréditer, des orthographes
inexactes.
Bien dit !
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