On voit souvent des utilisateurs de reflex munis d’objectifs
fabriqués par des tiers, c’est-à-dire d’une marque différente de celle de leur
boîtier.
En revanche, lorsqu’on regarde les pros, que ce soit aux
Jeux Olympiques, à la montée des marches au Festival de Cannes ou à la dernière
réunion du G8, 10 ou 20, on voit que tous les boîtiers Canon sont équipés d’objectifs
Canon, et tous les boîtiers Nikon d’objectifs Nikon.
Cette simple constatation doit déjà nous dire qu’aux yeux des
pros pour qui le prix n’entre pas véritablement en ligne de compte, et qui
veulent la qualité optique maximale et la performance mécanique maximale, les
Sigma & consorts ne sont pas dans la course. Il y a certainement une leçon
à en tirer, non ?
Certes, les objectifs fabriqués par les tiers sont nettement
moins chers. Leurs performances optiques sont souvent bonnes, parfois même très
bonnes, mais rarement partout au même niveau que celles des objectifs du
fabricant du boîtier (je parle pour Nikon, en ce qui me concerne, et mes amis
Canonistes disent la même chose). Mécaniquement, ils sont parfois très bien
construits mais, là encore, pas véritablement au même niveau que leurs
concurrents, notamment en termes de résistance aux intempéries. Leur autofocus est
souvent moins rapide et moins précis que celui des objectifs de la marque, et leurs
bagues ne tournent pas avec la même sensation de douceur veloutée, si agréable
à l’usage.
Et surtout —et c’est là, bizarrement, un argument qui est
rarement évoqué— les ingénieurs de Sigma ou Tamron ou des autres du même
tonneau ne sont pas dans le secret de ce que mijotent Nikon ou Canon ou Pentax
pour leurs futurs boîtiers. Quand ils conçoivent un objectif « compatible »,
il est compatible avec ce qui existe
aujourd’hui. Ce même objectif sera-t-il toujours compatible avec les
modèles qui sortiront dans quelques années, et exploitera-t-il à fond toutes
leurs nouvelles possibilités électroniques ? Peut-être pas, alors pourtant
qu’un objectif a vocation à être un investissement à bien plus long terme qu’un
boîtier…
En revanche, un objectif conçu dans les mêmes bureaux d’étude
que les boîtiers, lui, aura toutes les chances d’assurer cette compatibilité,
et plus on ajoute d’électronique à la mécanique et à l’optique traditionnelles
des objectifs, plus cet argument est pertinent.
C’est pourquoi, en ce qui me concerne, je préfère dépenser
davantage pour acquérir des objectifs de qualité dont je sais que je les
garderai pendant des années et des années, sans aucun souci de compatibilité
avec mes boîtiers futurs. Je comprends ceux qui, notamment (allez, soyons
honnêtes : essentiellement) pour des raisons budgétaires, font un choix
différent, mais je ne changerai pas ma façon de faire pour la leur.
Une petite exception, peut-être, pour certaines focales
fixes de très haute qualité et à mise au point manuelle, comme les produits
Zeiss, car ils se reposent moins sur les automatismes que les zooms bon marché
de certains fabricants japonais, et sont donc moins exposés au risque d’incompatibilités
futures, bien qu’ils y soient aussi exposés dans la mesure où ces optiques
échangent des informations par voie électronique avec le boîtier.
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