J’ai déjà eu l’occasion d’expliquer sur ce blog qu’il y a quelques années, et dans la perspective de voyages de plein été en Grèce et en Turquie, où je savais que j’allais devoir faire face à de fortes chaleurs que je supporte moins bien qu’il y a dix ans (!), j’avais décidé de faire l’acquisition d’un kit construit sur la base d’un boîtier hybride (ou mirrorless, comme on dit en anglais, pour différencier ces systèmes d’avec les appareils reflex), plus petit, donc moins encombrant et surtout moins lourd que mon Nikon D810, lui-même déjà en progrès par rapport aux boîtiers professionnels, type D3 ou D3S, que je trimballais auparavant.
J’ai donc acheté un boîtier Fuji X-Pro 1 avec quelques
objectifs à focale fixe et un zoom, le 55-200 mm à ouverture glissante. A fur
et à mesure que la batterie des objectifs disponibles s’étoffait, j’ai complété
et affiné ma propre sélection, et quand le X-Pro 2 est sorti, je l’ai également
acquis et j’ai profité de toutes les mises à jour que Fuji fait au titre du kaizen, et pour lesquelles il faut
chaleureusement féliciter la marque, qui est bien la seule à pratiquer cette
politique généreuse.
J’ai acheté et utilisé les deux kits, Nikon et Fuji, avec
une totale bonne foi. Même si je n’ai jamais envisagé d’abandonner Nikon (le
capteur 36 mégapixels du D810 reste irremplaçable —sauf par celui du D850 qui
vient de sortir— et la brochette d’objectifs demeure inégalée, et Fuji en est
encore très loin), j’étais tout-à-fait prêt à utiliser le kit Fuji pour les
besoins courants, et notamment dans les cas où légèreté, discrétion, compacité
étaient des facteurs essentiels.
Je dois dire que moi, pour qui la qualité d’image compte avant
tout (dynamique, piqué, fidélité des couleurs), j’ai été gâté avec Nikon. Ne
travaillant plus depuis quelques années qu’avec des focales fixes, les 24/1.4, 35/1.4,
85/1.4 sont des outils exceptionnels, et je les ai complétés par des focales
Voigtländer et Zeiss absolument remarquables. Des objectifs comme le récent 19mm
f/4 à bascule et décentrement sont également introuvables chez Fuji, pour le
moment. Cela dit, j’ai été très satisfait par la qualité du capteur X-Trans de
mes deux boîtiers Fuji, ainsi que par la qualité optique des objectifs Fujinon.
Toutefois, je ne cacherai pas qu’à regarder dans le détail,
la dynamique du capteur Fuji ne me semble pas tout-à-fait au niveau du capteur du
D810 (qui est un plein format, évidemment), et que le piqué Fujinon n’est pas
absolument au niveau des meilleurs Nikkor, ni de mes objectifs germano-japonais
susmentionnés. Il est difficile de dire de manière précise et détaillée ce qui
pèche, et d’ailleurs, objectivement, quand je regarde mes photos faites au
Fuji, je les trouve très bonnes (techniquement, s’entend !)… mais je
demeure malgré tout convaincu que la qualité générale, tout en étant
excellente, n’égale pas ce que j’aurais pu obtenir avec le Nikon.
Je n’hésite cependant pas à emporter le kit Fuji, la
meilleure preuve étant d’ailleurs que c’est celui que je vais emporter pour un
long week-end à Amsterdam cette semaine : X-Pro 2 et objectifs 15mm f/1.4,
23mm f/1.4, 56mm f/1.2 et 90mm f/2. Je laisse à la maison le 35mm f/1.4.
Il faut aussi ajouter, en ce qui concerne les flashes, et
notamment les flashes de studio ou monolights,
que Fuji ne bénéficie pas du tout d’un support de même niveau de la parts des
fabricants tiers. Non seulement le système des flashes Nikon fonctionne
merveilleusement avec les boîtiers de la marque, mais encore les fabricants
tiers commercialisent-ils tous leurs matériels dans des versions compatibles
Nikon. Pour Fuji, c’est (encore) beaucoup moins évident, mais avec les récentes
annonces en rafale du support de Profoto, Broncolor, Elinchrom ou Godox, il faut
espérer que Phottix (mon fournisseur
) s’y mette aussi sans tarder.
En définitive, le Fuji X-Pro 2 est un plaisir à utiliser,
parce qu’il émule les modes de réglage des appareils télémétriques du bon vieux
temps, avec des contrôles mécaniques sur le boîtier, tout en apportant les
multiples perfectionnements de la technique d’aujourd’hui, qui font que bien
des Leicaïstes admettent que ce boîtier fait mieux, dans la plupart des
domaines, que les bijoux hors de prix de leur marque préférée.
Je redonnerai mon ressenti au retour d’Amsterdam, après
avoir vu les images faites là-bas… mais au fond de mon cœur, je sais bien que
ce que j’attends surtout, c’est le vrai mirrorless
de Nikon, avec un capteur plein format, dont le moulin à rumeurs commence à
nous susurrer qu’il pourrait bien apparaître, ou au moins être annoncé, d’ici
quelques mois…
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