lundi 30 juin 2014

Le Graal du sac-photo idéal




Nombreux sont les photographes qui, dans leur quête du sac-photo idéal, en possèdent toute une collection, et continuent à en acquérir, faute d’avoir trouvé, justement, cet idéal.

S’il est si difficile à atteindre, c’est probablement qu’il n’existe pas un sac-photo idéal, mais plusieurs, en fonction de l’usage que l’on compte en faire.

Pour ma part, après avoir possédé quelques années un classique sac à dos Lowepro de la série Trekker, que j’ai fini par trouver bien lourd et pas si pratique, je me suis rabattu sur un grand Kiboko 32 litres de la marque Gura Gear que j’utilise depuis 4 ou 5 ans avec toute satisfaction. Il est grand et très logeable, intelligemment conçu, confortable à porter (enfin, relativement, ça va de soi !), et surtout très léger sans faire de compromis en matière de protection du matériel transporté. C’est l’idéal, quand on se balade avec un ou plusieurs boîtiers reflex pro et une collection d’objectifs (allant jusqu’au gros 200~400mm), de flashes et d’accessoires divers, y compris un trépied. Dans ce compartiment du jeu, j’ai trouvé mon Graal.

Restent les autres cas, c’est-à-dire les sorties/vacances/reportages pour lesquels le Kiboko est manifestement surdimensionné… et dans ce domaine-là, la quête, hélas ! continue.

J’ai d’abord acheté un « petit Kiboko » de 18 litres (rebaptisé entretemps du nom ridicule de « Bataflae », alors que kiboko, mot swhaili désignant un fouet en peau de rhinocéros, était si joli et original…). Particulièrement léger, très logeable, ce sac présentait l’inconvénient d’être très profond, presque autant qu’un grand modèle, ce qui le rend un peu disgracieux et surtout empêche qu’on le porte confortablement sur le devant du torse, ce qui est parfois utile, comme on le verra plus loin. De plus, s’il convenait bien au transport d’un kit réduit à base de reflex pro ou semi-pro, il était trop grand pour le kit alternatif que j’utilise, à savoir le boîtier Fuji X-Pro 1 et quelques objectifs, essentiellement des focales fixes.

Je me suis donc résigné à le vendre.

Convaincu par les innombrables louanges décernées sur Internet, j’ai récemment acheté un Billingham. Après avoir longtemps hésité quant au modèle à choisir, je me suis décidé pour un Hadley Pro en fibre synthétique FibreNyte. C’est un bel objet, et sa fabrication est remarquablement soignée, comme je m’y attendais… sans toutefois être parfaite, à en juger par les bouts de fils qui dépassent çà et là sur l’insert intérieur. Il est bien conçu et sa taille est parfaite pour emporter le kit Fuji dont je viens de parler, mais toutefois un peu juste pour un kit à base de reflex, même un peu encombrant Nikon D700. Quant aux objectifs pro qui l’accompagnent, ils se trouvent eux aussi un peu à l’étroit.




Cela étant, je l’ai acheté prioritairement pour le X-Pro 1, et de ce côté-là, rien à dire.

Rien à dire ? Voire… En effet, si le matériel lui-même tient aisément, qu’en est-il des petits surplus ? Les accessoires photo, eux, trouvent place dans les poches frontales, voire dans les petites (très petites) sacoches latérales Avea que j’ai ajoutées. Dans la poche zippée sur la face intérieure du sac, on peut glisser un Kindle, mais pas un PC, même notebook, ou alors en forçant pas mal… et quid de la bouteille d’eau, voire du petit sandwich, et du magazine ? De la petite laine pour le soir, du chapeau de soleil, de l’écharpe, du K-way ? Pas de place pour tout cela.



 Facile, me direz-vous, il fallait acheter un plus grand modèle ! Peut-être, mais que ferais-je d’un plus grand modèle les jours où je n’aurai pas ces petits suppléments à emporter ?

De plus, ma femme m’avait prévenu et j’ai eu tort de ne pas l’écouter, le portage à l’épaule, même avec la sangle croisée sur le torse, ce n’est pas si confortable que ça…

Quel est donc, en vérité, le fond du problème ? Eh bien, c’est que tout sac-photo destiné au kit Fuji est systématiquement comparé à un banal petit sac à dos Eastpak, le même que celui que des millions d’ados et d’étudiants trimballent à longueur de journée, sauf que le mien est en cuir noir pour « passer » un peu mieux en ville, mais en dehors de cela c’est le même. Et pour un usage photo, il présente bien en vérité des avantages : d’abord, il est très logeable, une fois le kit Fuji installé à l’intérieur, il reste une place énorme pour mettre tous les objets dont j’ai parlé. Et lorsqu’il est moins plein, la souplesse du cuir fait qu’il se replie sur lui-même, prenant ainsi le moins de place possible.



Ensuite, je dois bien reconnaître qu’il est plus confortable de porter sur le dos une charge bien répartie sur les deux épaules. L’Eastpak peut également être porté sur une seule épaule, si l’on a envie, voire à la main, comme le Billingham, puisqu’il possède une poignée en tissu. Et l’accessibilité au matériel, point noir habituel des sacs à dos, n’existe pas ici, puisque la souplesse du cuir permet de le porter très facilement sur le devant du corps. Même si cela n’est guère flatteur, cela permet une accessibilité idéale, l’ouverture par le haut protégeant également le contenu contre toute chute accidentelle.

De plus , cet Eastpak est particulièrement bien fabriqué, les fermetures zippées sont d’excellente qualité, et je le trimballe depuis quelques années sans égard particulier et sans le moindre problème, si ce n’est les jolies tirettes en cuir qui ont tendance à partir de leur côté (j’en ai perdu une sur la fermeture de la poche principale, que j’ai remplacée par une autre, moins belle mais beaucoup plus facile à saisir). Il y a même, contre la face antérieur, un séparateur matelassé créant un compartiment distinct qui peut contenir une tablette, un PC, ou n’importe quoi d’autre que vous souhaitez isoler du compartiment central. Et bien sûr, il y a aussi la poche zippée extérieure, elle aussi d’une grande contenance.

Enfin, il n’y a pas mieux côté discrétion : avec sa forme archi-connue dans le monde entier, ce sac ne ressemble vraiment pas à un sac-photo.



Pour autant, tout n’est pas rose : le poids n’est certes pas un inconvénient, il est très léger même s’il est intégralement en cuir, mais ce n’est évidemment pas un matériau respirant et on transpire rapidement lorsqu’on le porte sur le dos par grosse chaleur. Ensuite, rien n’est prévu pour transporter un trépied puisque ce n’est pas un sac-photo. Quand il m’en faut un mais que je souhaite garder les mains libres, je me rabats sur un astucieux porte-trépied de ceinture vendu par Gitzo (accessoire qui, lui aussi, prend facilement place dans l’énorme ventre de l’Eastpak).

Ensuite, comme ce n’est pas un sac-photo, l’intérieur n’offre aucune protection particulière contre les chocs, aucun rembourrage, aucune possibilité d’organiser des compartiments cloisonnés comme dans un sac-photo habituel. Deux parades possibles : ou bien installer dans l’Eastpak un insert provenant d’un autre sac (par exemple celui du Billingham, et je crois qu’on en trouve également en vente sur Internet) ; ou bien utiliser des poches individuelles pour protéger les objectifs et contenir les petits accessoires qu’on passe du temps, sinon, à chercher au fond du sac. Pour les fans de la marque, Billingham en fabrique d’assez jolis (les « Simplies »), avec une base en cuir, mais la toile qui les compose est franchement « légère » et n’offre guère de protection. Ils peuvent convenir pour de petits accessoires qui ne craignent pas grand-chose. Je leur préfère les poches en cuir de veau, double épaisseur, faites avec un peau très souple et légère, d’excellente qualité, très doux au toucher et qui procurent vraiment une bonne protection. On les trouve pour pas cher sur Internet… faits en Chine, comme tout le reste. J’en possède une bonne demi-douzaine de tailles diverses, c’est l’idéal pour protéger les objectifs.

Enfin, la faiblesse essentielle de l’Eastpak, c’est son absence d’imperméabilisation. Bien que le cuir résiste un peu à l’eau, je ne sais pas quel serait le comportement de ce sac (cuir et fermetures zippées) en cas de grosse pluie, alors que le Billingham possède en ce domaine des performances parfaites, comme le confirment de nombreux témoignages d’utilisateurs.

Pour conclure : en dépit de son élégance et de sa qualité, le Billingham ne m’a pas convaincu pour le format « trois semaines de vacances avec parfois des machins divers et variés à transporter en plus du kit Fuji ». Le sac à dos Eastpak m’accompagnera donc en Turquie (ou la résistance à la pluie n’est pas une considération prioritaire), même si le Billingham lui sera sans doute préféré pour un weekend à Paris… surtout à la mauvaise saison !

dimanche 1 juin 2014

Retouche photo et hypocrisie

L'autre jour, sur un forum traitant de photo de voyage, quelqu'un recommanda le livre Conseils d'un photographe voyageur, d'Olivier Föllmi. Je n'avais pas lu ce livre mais, me souvenant de quelques photos de Föllmi que j'avais aimées, et sachant que le bonhomme est quand même l'un des rares qui parvient à vivre de ses photos de voyage, je fis l'emplette de son petit opus.

Föllmi est, à l'évidence, un mystique profond dont l'approche humaniste se confond avec une appréhension quasi-religieuse, en tous cas fusionnelle, de ses sujets. Cette approche ne me correspond pas et je lus en diagonale bon nombre de pages qui s'assimilaient davantage à du prêchi-prêcha qu'à de véritables conseils opérationnels et exploitables pour photographes voyageurs... sauf à être un grand mystique comme lui, évidemment.

Pour autant, son petit livre contenait un certain nombre de points intéressants, même s'ils n'étaient pas entièrement nouveaux par rapport à ce que tout un chacun peut lire en faisant quelques recherches sur internet ou en lisant d'autres livres de grands voyageurs tels que, par exemple, Steve McCurry. J'étais juste un peu irrité par la pub faite sur chaque page pour Fuji, sous prétexte que cette marque sponsorise l'auteur: là, pour le coup, on bascule du mysticisme le plus éthéré dans le matérialisme le plus mercantile!

Bref... Je suis arrivé page 88, où figure le chapitre "Retoucher ses images", et là je lis la première phrase ainsi: Pour un bon photographe, une image à retoucher devrait aller à la poubelle. Aïe.

Déjà, ce genre de pronunciamento imbécile, digne des jugements à l'emporte-pièce qu'on assène au comptoir du Café du Commerce parce qu'on a bu un coup de trop, qu'on n'a plus toute sa lucidité et qu'on est incapable de faire encore dans la nuance, est difficilement admissible de la part d'un grand professionnel, qui écrit en principe à jeun, et qui devrait savoir que les situations réelles sont infiniment plus complexes, et que si ce qu'il affirme était vrai, il n'y aurait pas beaucoup de "bons photographes" sur Terre (y compris tous ceux qui sont infiniment plus et mieux reconnus que Föllmi).

Ensuite, les affirmations de ce type émanent le plus souvent de ceux qui ne maîtrisent pas les outils de retouche et qui, plutôt que de l'avouer, préfèrent prétendre qu'ils sont haïssables (travers bien connu de la race humaine) —alors qu'en vérité, ils aimeraient apprendre à les utiliser...

Enfin, cet intégrisme professé, cette intolérance absolue, est à l'image de ceux et de celles dont la politique, les mœurs ou la religion nous offrent le spectacle, c'est-à-dire qu'elles ne s'appliquent pas à soi-même, évidemment. En effet, que lit-on sous la plume de notre brave Genevois, juste après? Lors de la phase de gravure [que nous autres pauvres gueux pourrons assimiler à l'impression de nos photos], il arrive de devoir contraster un ciel, densifier une couleur ou ouvrir une ombre.

Ah bon? Et cela, ça ne serait pas, par hasard, comme qui dirait, de "la retouche", cette retouche honnie que tout "bon photographe" doit bannir? Mais non, voyons, pas de mauvais esprit! Poursuivons la lecture de la parole du Maître: J'accepte des ajustements chromatiques modérés [c'est quoi, des "ajustements chromatiques"? et c'est quoi, "modérés"?] s'ils restent dans les limites du respect de la photographie. Et qui va en être juge, de ce respect? Monsieur Föllmi, bien sûr. Lui sait jusqu'où il peut se permettre de triturer ses images. Quant aux autres, dès qu'ils tritureront, ils n'auront qu'à s'intituler, selon lui, "artistes infographistes".

En résumé, Föllmi, c'est: "Faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais. Si vous éprouvez le besoin de retoucher vos photos, c'est que vous n'êtes pas un bon photographe. Oui, c'est vrai, moi aussi je retouche les miennes, mais moi je sais jusqu'où ne pas aller trop loin, et je sais rester un 'artiste photographe' sans tomber dans la sous-catégorie des 'artistes infographistes'. Vous, non."

Franchement, il y a de quoi se tordre de rire. Notre pauvre Suisse, qui avait dû abuser de la fondue et du fendant quand il a pondu son chef-d’œuvre, a perdu à mes yeux toute crédibilité. Quand on pense que c'est lui qui, par ailleurs, se fait l'apôtre de la tolérance, du respect des autres, de l'écoute, et qu'on le sait capable de proférer ce genre de discours d'exclusion, de dire, du haut de son savoir auto-proclamé, qui est un "bon photographe" et qui ne l'est pas, eh bien on peut se demander à quel moment du livre le mensonge a commencé...

lundi 14 avril 2014

Retour en Grèce (été 2013)


Je ne sais pas pour vous, mais pour ma part, ça faisait bien 20 ans que je n’avais plus remis les pieds en Grèce, alors pour ceux qui auraient besoin d’une formation express ou d’un rattrapage de dernière minute avant le départ, voici quelques informations précieuses que vous ne trouverez pas dans les guides.

Prévoyez de faire la majeure partie de vos dépenses en liquide. La soi-disant crise de confiance dans les banques (Chypre n’est pas si loin) a fourni un magnifique alibi à bon nombre de commerces grecs (y compris, souvent, les stations-service) pour cesser ostensiblement d’accepter les cartes de crédit. Double avantage : d’abord, le commerçant évite de payer la commission perçue par l’organisme qui gère la carte ; ensuite et surtout, être payés en liquide permet aux commerçants grecs (bon, disons au moins à certains d’entre eux) de continuer à frauder le fisc, ce qui est le sport national là-bas. Parfois, quand on insiste, le commerçant vous emmène, l’air renfrogné et en traînant les pieds, jusque dans l’arrière-boutique et extrait d’un tiroir un terminal poussiéreux, mais en parfait état de marche...

La danse des evzones

Quand vous allez dans un restaurant grec (et plus vous vous éloignez d’Athènes, plus c’est vrai), la vie devient très incertaine : on ne sait jamais à l’avance quelle sera la taille des portions, bien qu’en général ce soit plus copieux qu’en France, mais la surprise peut aller dans les deux sens, et les Grecs ne semblent pas avoir la même compréhension que nous du « c’est petit ou gros ? ». Ensuite, on ne sait jamais dans quel ordre les plats commandés vont arriver. Tout ce qu’on sait, c’est qu’on ne les recevra pas dans l’ordre escompté, que les entrées n’arriveront pas toutes en même temps, et que certains convives commenceront même par le plat principal.

Les Grecs sont en général d’excellents marins, encore que, de temps en temps, ils s’échouent...



En fait, on a l’impression qu’on vous apporte ce qui est prêt en cuisine, quand c’est prêt, sans aucun souci pour la coordination des parcours gustatifs des uns et des autres… Une joyeuse pagaille, même si la nourriture est dans l’ensemble bonne, voire parfois délicieuse. Enfin, oubliez les clichés éculés des Grecs de la rue de la Huchette : en Grèce, on ne casse pas les assiettes. Et pour finir, ne vous étonnez pas que la musique d’ambiance, voire les chansons interprétées par des artistes en chair et en os, ressemblent parfois à de la musique arabe : après tout, les deux mondes se côtoient. En revanche, je n’ai pas entendu le moindre sirtaki, pas de Zorba le Grec à l’horizon et pas davantage de Theodorakis pour celles et ceux qui aiment



Côté photo, comme on pouvait s’y attendre, et à moins de pratiquer des disciplines très spécialisées telles que la photo sous-marine, c’est avant tout paysages (et avant tout marins, les couleurs sont irrésistibles), architecture (ah ! ces murs blanchis à la chaux…) et scènes de rue.

 

Pour avoir les meilleurs sites pour soi, une seule recette: y aller au lever du soleil. Sinon, on fait du «à la Martin Parr»!

Enfin, force est de constater que les Grecs ne sont pas parmi les peuples les plus accueillants, qu'ils n'ont pas forcément un grand sens du commerce, et qu'on a parfois l'impression qu'on leur fait perdre leur temps à essayer de leur donner notre argent, nous autres malheureux touristes. Ça me fait de la peine de le dire mais, ayant eu entretemps l'occasion de goûter à la réalité turque, j'ai trouvé leurs cousins d'outre-Égée beaucoup plus sympathiques, à l'écoute et prêts à aider. Bien entendu, cela n'est pas une règle générale, mais disons que nous avons été surpris de trouver les Grecs souvent renfrognés et pas très aimables, alors même qu'il serait difficile d'incriminer la crise puisque ceux qu'on a cotoyé travaillaient précisément dans le secteur du tourisme, qui souffre bien peu,  surtout dans les gammes moyennes et hautes...




Dans le domaine du matériel photo, grand changement cet été 2013: pour la première fois depuis bien des années (devrais-je dire «décennies»?), j'ai laissé les reflex Nikon à la maison et je suis parti avec un Fuji X-Pro 1 accompagné de trois objectifs: un 18mm f/2 (équivalent 28 mm sur un capteur 24 × 36), un 35mm f/1.4 (équivalent 50 mm) et un zoom stabilisé 55~200mm f/3.5~4.8  (équivalent 85~300 mm). Doté d’un capteur APS-C, mais surtout d'un ingénieux viseur devenant à volonté optique (avec les cadres matérialisant les focales, y compris avec le zoom!) ou électronique, ce boîtier petit et léger m'a donné d'excellents résultats, même s'ils sont encore un poil en retrait de la qualité optique à laquelle je suis habitué avec les optiques professionnelles Nikon.



Encombrement réduit, poids plume, ce fut un vrai soulagement sous le brûlant soleil des îles grecques; de ce côté-là, le cahier des charges est parfaitement rempli. Au chapitre des points à améliorer, les pare-soleils qui ne s'encliquètent pas assez fermement, idem pour les bouchons d'objectifs à mettre par-dessus les pare-soleils et qui tombent (une excellente idée pas bien réalisée), l'absence de partie immobile par où saisir les objectifs pour les monter ou les démonter, et enfin un correcteur d'exposition trop... exposé à être déréglé d'un mouvement de doigt involontaire!

J'ai aussi dû, pour post-traiter mes photos, me mettre à Lightroom, et je n'ai pas du tout été convaincu par l'ergonomie ni par les fonctionnalités de ce logiciel, par rapport au couple Adobe CameraRAW/Photoshop, infiniment plus puissant et fonctionnel. Devoir utiliser Ligthroom est donc une contrainte supplémentaire, et je dois avouer que c'est pour l'essentiel cette contrainte qui m'a dissuadé jusqu'ici de repartir avec le X-Pro 1, même si je vais prochainement acquérir le nouvel petit télé de 56mm f/1.2 (équivalent 85 mm en 24 × 36) pour compléter ma panoplie. Et comme, encouragés par Istanbul, nous repartons cet été en Turquie, je repartirai avec le petit Fuji. Le tout dans l'attente du X-Pro 2, qui devrait sortir en 2015 et pourrait bien être plein format, comme j'ai toujours pensé que le successeur du X-Pro 1 allait être!

Il sera alors bien temps de tout revendre pour se rééquiper.

P.S.: n'oubliez pas de cliquer sur les petites photos insérées dans l'article, afin de les voir dans une dimension plus «lisible»!

samedi 12 avril 2014

L’état de la France (ou : comment en est-on arrivé là ?)



Avant de rappeler quelques faits qui sont, selon moi, trop oubliés de nos jours et pourtant essentiels pour comprendre la situation économique actuelle de notre pays, je me permettrai de préciser que j’ai toujours été, politiquement, plutôt de droite. Anti-Sarkozy, certes, je le suis devenu, mais seulement parce que je suis anti-voyou et anti-racaille, et que le comportement de Sarkozy à la tête de l’État manquait souvent, et cruellement, de dignité pour qui exerce la plus haute fonction représentative. Et encore, on ne sait sûrement pas tout, comme les affaires judiciaires le montreront peut-être un jour à l’instar de ce qu’elles ont fini par montrer en Italie concernant Berlusconi. Espérons que cela ne prendra pas autant de temps.

Étant révolté par le fait que Sarkozy puisse continuer à représenter la France, je me suis résigné, sans enthousiasme, à voter Hollande —alors que j’aurais voté Fillon avec plaisir s’il avait été candidat. Je constate que la gauche, sur le plan économique, n’a pas fait sensiblement mieux ni plus mal que la droite n’aurait sans doute fait à sa place. Nous verrons si Valls parvient à faire mieux qu’Ayrault, mais je suis convaincu comme la plupart des observateurs objectifs que, quelle que soit la politique économique mise en œuvre (offre, demande, combinaison des deux), la France est trop sclérosée et trop réticente à se réformer pour retrouver le chemin de la croissance, si les autres pays ne « tirent » pas cette croissance. Or, la relative atonie européenne et mondiale actuelle ne présage rien d’enthousiasmant à cet égard.

Ce qui m’amène aux quelques faits que je voulais souligner dans ce billet : la crise que nous vivons depuis quelques années, d’où vient-elle ? Qui en est responsable ? Qui a contribué à l’endiguer ou à l’aggraver pour en arriver là où nous en sommes ?

L’origine de la crise, comme on a tendance à l’oublier, réside aux États-Unis. Ce sont nos amis américains qui l’ont créée de toutes pièces et l’ont exportée chez nous.

Au départ, il y eut l’appétit excessif des banques américaines (j’y inclus l’équivalent de nos caisses d’épargne, les savings and loans) qui, dans une économie où presque tout le monde avait déjà des crédits, se sont entêtées à rechercher encore de nouveaux clients, et ce dans le principal secteur où des « friches » existaient encore : celui du logement. Ce faisant, elles se sont approchées dangereusement de franges de la population de moins en moins solvables, en leur proposant des facilités pour devenir propriétaires de leur logement, au lieu d’en demeurer locataires.

Or, il y avait une bonne raison pour que ces populations ne soient pas déjà devenues propriétaires : c’est que, justement, elles n’étaient pas assez solvables pour emprunter, selon les critères bancaires traditionnels et prudents. Qu’à cela ne tienne, on a jeté la prudence aux orties et, pendant quelques années, le système a tenu, parce qu’il y avait de la croissance économique et que les populations à risque se maintenaient à flot (parfois de justesse) par leur travail. Puis, l’économie a commencé à ralentir, et bien entendu, ces populations-là ont été les premières touchées (ce n’est pas pour rien qu’on les appelait « à risque » !). Ces nouveaux emprunteurs ont commencé à perdre leur emploi, et à ne plus pouvoir rembourser. Les banques ont exercé les droits qu’elles tenaient des contrats de prêts immobiliers et ont dépossédé leurs clients de fraîche date des logements qu’ils avaient à peine commencé à payer (les fameuses foreclosures de sinistre mémoire). Elles se sont ainsi retrouvées à la tête d’un parc immobilier considérable, qu’elles n’étaient pas équipées pour gérer (ce n’est pas la vocation d’une banque), et dont la valeur chutait considérablement car personne ne voulait de ces logements : les populations solvables étaient déjà logées, et les insuffisamment solvables étaient… à la rue, du fait des expulsions.

De proche en proche, les banques ont commencé à s’appauvrir, et à ne plus pouvoir elles-mêmes faire face à leurs propres échéances, car bien sûr les banques s’empruntent et se prêtent en permanence les unes aux autres, ces différents engagements entrecroisés composant une toile d’araignée financière d’ampleur aussi mondiale (et nettement plus ancienne) que celle de l’internet. Par voie de conséquence, la crise bancaire américaine (qui a atteint son sommet avec la faillite retentissante et impensable de Lehman Brothers) fut exportée à l’étranger, à commencer par l’Europe. Les banques, sachant que la solvabilité des autres établissements pouvait être rapidement fragilisée, voire devenir douteuse, ont de plus en plus répugné à se faire confiance, à se prêter, et n’ont donc plus été en mesure d’obtenir suffisamment de capitaux pour financer les entreprises. La crise du système bancaire avait déjà coûté très cher aux États qui avaient dû mettre la main à la poche pour éviter le fameux « risque systémique », c’est-à-dire l’écroulement de tout le système et la spoliation de centaines de millions d’épargnants… et voilà maintenant que cette crise, elle-même plus ou moins circonscrite, contaminait le tissu économique.

Face à cette situation, les pays n’ont pas tous réagi de la même manière. L’on se souvient que Sarkozy s’est longtemps vanté que la France s’en était sortie nettement moins mal que certains autres, en souffrant beaucoup moins de la crise. C’était vrai. Pourtant, la France, on le sait, n’a rien d’un Superman de l’économie. Comment a-t-on donc pu s’en tirer mieux (c’est-à-dire traverser ce passage avec moins de douleurs) qu’un pays comme l’Allemagne, certes moins brillant que nous en matière d’innovation, mais infiniment plus solide industriellement ?

La réponse est simple : la France s’est endettée. Pendant deux ans, Sarkozy a impulsé une politique de la dépense sans retenue, injectant des centaines de milliards dans le circuit économique à la place des banques (ou leur donnant l’argent pour le faire). Ce fut, souvenons-nous-en, le fameux « Plan de relance ». Chaque matin, en écoutant la radio, je me demandais : « Mais où va-t-il aller chercher l’argent qu’il est en train de dépenser ? » On avait l’habitude d’avoir un mal fou à trouver quelques millions pour sauver tel ou tel projet, et d’un coup ça nous pleuvait dessus à coups de milliards, comme si on avait soudainement découvert un énorme bas de laine oublié…

Or, bien sûr, ces milliards, le pays ne les avait pas, attendant sagement dans les coffres de la Banque de France qu’on veuille bien les dépenser. Il a donc fallu les emprunter. Et c’est bien cet énorme fardeau qui plombe aujourd’hui, et durablement, nos comptes publics. Certes, vivre au-dessus de ses moyens était depuis longtemps une caractéristique de la France, quels que soient les gouvernements, mais jamais on n’avait vu une telle accélération de l’endettement en si peu de temps.

La gauche, arrivant au pouvoir, a bien entendu souligné cet élément, mais l’opinion française n’aime pas que l’on dise que c’est la faute des autres —même quand c’est vrai. Aussi, au bout de quelques mois, plus personne n’a osé entonner le refrain de « l’héritage », alors même que nous subissons, et allons encore subir longtemps, les conséquences de cette dispendieuse irresponsabilité. Je ne dis pas qu’il faut se contenter de blâmer la politique économique de Sarkozy ; il faut assurément aussi tenter d’en contrer ou d’en limiter les effets, et pour cela, de relancer la machine économique. Mais pour autant, cette politique a contribué de manière importante à plomber la situation du pays, et à réduire ses marges de manœuvre alors même que d’autres pays, qui ont eu plus mal que nous lors de la crise bancaire et économique, commencent à retrouver les leurs.

Il me semble donc important de ne pas oublier qui nous a menés là où nous sommes : à l’origine, nos amis américains et la gloutonnerie imprudente de leurs banques ; puis, notre ancien Président et sa politique de dépenses massives, mais à courte vue.

vendredi 17 janvier 2014

Jusqu'où la bêtise et la négligence iront-elles se nicher?

Je suis un lupinien. On dit "lupinien" à propos d'Arsène Lupin comme on dit "tintinologue", pour parler d'un fan de Tintin. Donc, comme tout lupinien qui se respecte, j'avais acheté, en 2012, Le dernier amour d'Arsène Lupin, roman inédit et posthume de Maurice Leblanc, exhumé par sa petite-fille et publié par Balland. Je n'avais jamais trouvé le temps de
le lire —et c'est probablement là que ma ferveur lupinienne pourrait être prise en défaut, même si chacun sait que ce livre, écrit en 1936-37 et resté inachevé du fait d'une dégradation durable de l'état de santé de Leblanc, n'était certes pas un des meilleurs Lupin. 

Quoi qu'il en soit, j'ai pris ce petit volume hier et j'ai commencé à le lire. Je n'avais pas fait particulièrement attention à la couverture, qui représente la silhouette caractéristique du gentlemen-cambrioleur se détachant sur une photographie en noir et blanc montrant les toits de Paris. Tout cela semble a priori de bon goût et de bon aloi... mais immédiatement, on réalise avec horreur que, là, au premier plan, nous crevant les yeux, deux magnifiques paraboles satellite nous narguent de leurs contours bien anachroniques... Et ce n'est pas tout: en voici une autre, et une autre encore... J'en compterai jusqu'à six!

Véritablement, les gens qui, chez Balland, se sont occupés de ce projet, sont de grands professionnels... alors qu'il y a tant d'authentiques photos du Paris de jadis, toutes plus "libres de droits" (pour citer l'expression à la mode) les unes que les autres!

On hésite entre la franche rigolade ("Non mais, ce n'est pas possible, ce qu'ils peuvent être c...!") et la consternation. C'est Balland, l'éditeur, ou... Ballot?

samedi 21 septembre 2013

Au secours ! Mon iPhone est devenu moche !



… et c’est entièrement la faute d’Apple !

Aurais-je jamais cru devoir un jour écrire une chose pareille ? Et pourtant… Selon la légende, Steve Jobs insistait pour que même l’intérieur des produits Apple bénéficie d’un design et d’une construction soignée, tout comme un ébéniste qui se respecte n’emploierait jamais d’aggloméré type Ikea (ou l’équivalent de l’époque) pour réaliser le dos d’une commode, même si c’est une partie qui ne se voit pas… Je me souviens encore de mon premier ordinateur, au début des années 80, un Apple //e qui était sensiblement plus beau (ou moins moche) que les autres produits existant à l’époque. Puis, il y avait eu la sensation esthétique du Macintosh en 1984, et tous les produits qui ont suivi ont toujours obéi à ce principe qui voulait qu’ils soient toujours beaux à contempler —même si les performances n’étaient pas forcément toujours au rendez-vous.

L’iPhone ne fait pas exception à la règle… ou plutôt, ne faisait pas : certes, ses contours sont toujours aussi épurés et plaisants, même si sa prise en main est toujours un peu délicate (ce qui fait la fortune des fabricants d’étuis en tous genres), mais son interface graphique, naguère si magnifique de distinction et de rutilance, est retombée en enfance.

Comme des millions d’utilisateurs qui crient aujourd’hui leur déception et leur frustration, je ne me suis douté de rien quand, hier soir, mon iPhone 5 m’a dit qu’il était prêt à installer la version 7 du système d’exploitation iOS, celui-là-même qui, justement, « peint » l’interface, cet ensemble d’icônes, de boutons et de glissoirs variés qui vous sert à interagir avec votre téléphone. Je me suis d’autant moins méfié que (1) j’étais en train de regarder un passionnant épisode de Game of Thrones, et que (2) je n’imaginais pas que la version 7 du système puisse constituer une quelconque régression par rapport à la version 6, particulièrement dans l’environnement ultra-concurrentiel dans lequel Apple évolue sur ce marché.

Et pourtant… quelle horreur, cette interface ! Non, je ne mettrai aucune photo pour l’illustrer ici, je n’ai pas envie de défigurer mon blog, mais vous en trouverez à foison sur le Web. Les ravissantes icônes ont disparu, les sympathiques ou élégantes polices de caractères aussi, de même que les boutons glissants en 3D. Tout cela a été remplacé par des « objets » au design simpliste, aux couleurs criardes, sans relief, sans classe, sans élégance. J’ai l’impression d’avoir troqué mon Range Rover cuir tout électrique et toutes options pour une Golf diesel, certainement très robuste et performante, mais d’une tristesse à faire peur. C’est un incroyable retour en arrière.

Deux choses sont maintenant sûres : la première, c’est que plus jamais je ne poserai mon iPhone face vers le haut, de peur de voir cette horreur apparaître quand on m’appellera ou quand je recevrai un message ; et la deuxième, c’est qu’il n’y a aucun risque que Samsung ait jamais envie de copier ça ! D’ailleurs, si cette énorme bévue esthétique n’est pas corrigée d’urgence, mon prochain téléphone sera certainement coréen.