mercredi 3 octobre 2012

Le sens des responsabilités



Ça ne parle pas de photo… mais ça pourrait !

L’un des talents sociaux apparemment les plus utiles ces derniers temps, consiste, lorsque l’on est mis en cause de façon flagrante dans quelque chose de pas joli-joli, voire de franchement délictueux, à nier toute responsabilité et à jouer les vierges effarouchées. Plus l’accusation est lourde, plus les faits sont évidents, plus il s’agira de se scandaliser qu’on nous fasse ainsi « passer pour un tricheur » —alors que c’est là le point, justement : on a effectivement triché.

Dernier exemple en date : le match de handball truqué où l’équipe de Montpellier, déjà championne de France, a laissé filer le match face à une équipe reléguable, alors même que plusieurs joueurs montpelliérains avaient eux-mêmes parié (ou fait parier leurs compagnes avec leur argent à eux, les joueurs… histoire que ça se voie peut-être un peu moins !) CONTRE leur propre équipe !

Déjà, des joueurs d’une équipe pariant ou faisant parier qu’ils vont perdre le prochain match, il n’y a pas quelque chose qui vous choque, moralement parlant ? On est payé pour jouer au handball, mais en plus on faire s’octroyer une jolie prime de match perdu ?

Ensuite, quand on lit les déclarations faites à la presse par l’ex-star déchue de notre handball national, M. Karabatic, on est effondré. Par l’intermédiaire de son avocat, et à en croire la page d’accueil d’orange.fr, il déclare : « Est-ce que j'ai parié ? Non. Est-ce que ma copine l'a fait ? Oui. » Ici, il oublie pudiquement de préciser : « L’a-t-elle fait avec mon argent, de l’argent que je lui avais donné pour aller parier ? Oui. » Et notre grand sportif justement indigné de poursuivre : « Pourquoi a-t-elle parié ? Ça fait deux ans qu'elle suit l'équipe de Montpellier et elle connaît bien ce championnat ». Là, on croit rêver ! Alors donc, elles se mises à plusieurs copines de joueurs, elles ont bien analysé les variables sportives et tactiques, les tenants et aboutissants du match, et elles se sont dit collectivement : « Ouais, à tous les coups, nos mecs vont perdre à Cesson. On fait un saut à l’officine de paris pour placer un peu de pognon sur l’affaire, histoire que ça nous rapporte quand même quelque chose ? »

Ce serait à se tordre de rire, si ça n’était pas si navrant.

Et de quoi se plaint-il encore, notre grand handballeur irréprochable, double champion olympique ? « J'ai dédié ma vie au handball, depuis que je suis né je me bats pour ce sport. Me faire passer pour un tricheur c'est inadmissible, c'est un cauchemar. »

Ben oui, mais… tu AS TRICHÉ, donc ce qui t’arrive est normal, non ? Il faut assumer dans la vie ! Non seulement une telle attitude ne le grandit pas, mais en plus elle le rend carrément ridicule.

La conclusion de cette histoire navrante, dont la police et la justice tireront sans doute les conséquences (mais le sport, c’est moins sûr), ce n’est pas que le handball est joué par des personnes intrinsèquement plus honnête que, disons, le football. C’est juste que, jusqu’à présent, ils avaient eu moins d’occasions de tricher. Commencez à leur donner de telles occasions, et vous verrez.

Triste nature humaine, en somme.