dimanche 21 décembre 2014

Le retour des focales fixes : Zeiss 15/2.8, Nikkor 24/1.4, Sigma 50/1.4 Art


Depuis quelques années, depuis (quasiment) l’avènement du numérique, l’immense majorité des photographes utilisent des objectifs à focale variable, mieux connus sous l’américanisme « zooms ». On a conçu et vendu ces zooms aux profanes et aux paresseux sous la pression de départements marketing composés en majorité de profanes et de paresseux, en leur affirmant qu’un zoom servait à tout, et qu’avec un seul objectif, ils auraient accès au grand-angle, à l’objectif « normal », et au téléobjectif.

Ces zooms étant, jusqu’à une date récente, conçus exclusivement pour les boîtiers dits « reflex à objectifs interchangeables », on pouvait déjà se poser la question de savoir pourquoi on achèterait un boîtier « à objectifs interchangeables », si c’était pour tout faire avec un seul…! Cette apparente contradiction n’ayant, semble-t-il, pas sauté aux yeux de grand-monde, le vénérable objectif dit « normal » de 50 mm de longueur focale, bien lumineux (f/2 au minimum, souvent f/1.8 ou 1.4, l’immense ouverture de f/1.2 existant dans de rares cas), qui était auparavant vendu presque systématiquement avec les boîtiers reflex, disparut peu à peu au profit de zooms dits « trans-standards », car leur gamme de focales s’étalait de part et d’autre du « standard » de 50 mm. Quant à la luminosité de ces nouveaux objectifs, elle était très inférieure, les meilleurs n’ouvrant qu’à f/2.8, voire plutôt f/3.5, leur ouverture étant au surplus « glissante », c’est-à-dire diminuant jusqu’à f/5.6 (voire moins encore) au fur et à mesure qu’on s’approchait de la focale la plus longue.

Ce phénomène se constate toujours aujourd’hui sur les zooms amateurs : par exemple, un 24~120 mm ouvrira à f/3.5 au maximum à 24 mm (ce qui n’est pas brillant !), mais n’ouvrira plus qu’à f/5.6, voire f/6.3, à la focale de 120 mm : il fait alors bien noir dans le viseur, et si nous-mêmes n'y voyons plus grand-chose, l’autofocus non plus. Il va donc ramer, patiner, louper son coup, sauf sur la plage en plein soleil, où il y a tellement de lumière qu’il en entre encore assez pour faire le point dans des délais raisonnables.

Pour autant, je ne nie pas que les zooms soient parfois commodes : certes, avec eux, le photographe paresseux ne s’améliorera pas, car ils encouragent la paresse puisqu’il suffit de tourner la bague des focales pour faire varier l’angle de vision et le grossissement. Plus besoin de se déplacer, on n’apprend pas à tourner autour de son sujet ni à composer sa photo, il suffit de rester planté là et de manipuler la bague de zoom. Le zoom est donc un très mauvais outil pour apprendre à photographier. Cependant, il est des fois où la configuration du terrain ne nous permet pas de « zoomer avec les pieds » ; il est des fois où nous n’avons pas le temps de le faire, l’action se déroulant trop vite, trop loin : seul un « coup de zoom » nous permettra de saisir cet instant décisif-là. Il ne s’agit donc pas de jeter sur les zooms un anathème absolu et permanent.

De plus, les opticiens ne cessant de progresser, certains zooms haut de gamme se sont adressés depuis quelques années au dernier carré des irréductibles qui n’avaient pas tous déjà cédé à leurs sirènes, à savoir les photographes professionnels. Nikon et Canon (mais je ne parlerai que de Nikon, connaissant très mal l’autre marque) ont ainsi produit des zooms adaptés aux capteurs plein format 24 × 36, à ouverture fixe, de haute, voire très haute, qualité optique. Chez Nikon, cette « Sainte Trinité » permet de couvrir, avec seulement trois objectifs, tous ouverts à f/2.8, toutes les focales de 14 à 200 mm : le 14~24, le 24~70 et le 70~200 sont des objectifs (complétés éventuellement par le 200~400 mm f/4) avec lesquels les pros se sont habitués à travailler, tant leur qualité est remarquable.

À mon modeste niveau, je me suis moi-même félicité de n’avoir que ces trois focales à emporter pour la plupart des besoins courants.

Et pourtant… et pourtant ils sont lourds, volumineux, et si leur robustesse ne peut être mise en doute, il reste que leur « grande » ouverture de f/2.8 n’est finalement pas si grande que ça… Certes, les énormes progrès accomplis par les capteurs de nos boîtiers permettent aujourd’hui de photographier à des sensibilités beaucoup plus élevées sans dégradation sensible de la qualité de l’image, donc même avec peu de lumière, f/2.8 permet de rapporter d’excellentes photos. Il reste cependant qu’en termes de gestion de la profondeur de champ, ne pas pouvoir faire mieux que f/2.8 à 24 mm de focale, c’est frustrant lorsqu’on sait qu’il existe un 24 mm fixe qui ouvre à f/1.4, et qui est encore meilleur optiquement que notre zoom… et quand on travaille, non plus à 24 mm, mais à une focale plus longue comme 85 mm, la différence entre notre « petit » f/2.8 et le « grand » f/1.4 de la focal fixe équivalente saute encore plus aux yeux !

Il vient donc un moment dans l’évolution personnelle de tout amateur éclairé où l’on s’interroge : mes magnifiques zooms qui m’ont si bien aidé durant toutes ces années, sont-ils vraiment les meilleurs outils pour moi ? N’ai-je pas un peu cédé, moi aussi, aux sirènes d’un marketing décidément habile en acceptant de les utiliser ? N’aurais-je pas dû rester fidèle (ou au moins ne ferais-je pas bien de revenir) à certaines focales fixes ? Par exemple, un petit 50 mm à grande ouverture, peu encombrant, léger, pas cher, serait une excellente option dans mon sac… Et pour les portraits, ce 85 mm f/1.8 ou 1.4 ne serait-il pas, lui aussi, une addition bienvenue ? Et pour l’architecture, ou pour allonger démesurément ma profondeur de champ, un objectif à bascule et décentrement ne serait-il pas mieux adapté que ces sempiternelles corrections à faire dans Lightroom ou Photoshop pour redresser les verticales convergentes ?

Ainsi, de proche en proche, ma collection de focales fixes s’est de nouveau étoffée, et cette tendance s’est même récemment accrue dans la foulée de l’acquisition d’un boîtier D810 qui, avec sa monstrueuse résolution de 36 millions de pixels, exige des objectifs aux performances optiques absolument irréprochables.

En plus du Nikkor 85/1.4 que j’utilise depuis déjà quelques années, j’ai donc acquis le fameux 24 mm f/1.4 de la marque, puis j’ai plongé dans l’infidélité (ce que je n’avais pas fait depuis quarante ans !) en achetant, d’abord un Sigma 50 mm f/1.4 Art pour remplacer mon Nikkor (et je ne le regrette pas, tout Nikoniste loyal que je sois), puis un Zeiss 15 mm f/2.8.




Au sujet de ce dernier, s’agit-il d’un objectif aussi légendaire qu’on le laisse entendre çà et là sur le web ?

La réponse est qu’il s’agit en effet d’un objectif excellentissime. Mécaniquement, il est parfait, comme on peut le lire partout. Lorsqu’on manipule sa bague de mise au point, et qu’on manipule après celle des meilleurs Nikkor professionnels (par exemple, le 24mm f/1.4), celle du Nikkor fait un peu toc : ça fait un bruit bizarre dans l’objectif, et la bague est moins amortie. C’est comme fermer la portière d’une Renault haut de gamme, et juste après celle d’une Mercedes ; quand on ne connaît que la Renault, on admire, et quand on rencontre la Mercedes, on comprend à quel point ce qui nous paraissait parfait avant n’était qu’honorable… Pour autant, sur la neige, la Mercedes, avec sa transmission aux roues arrière, progressera beaucoup moins bien que la Renault, traction avant : ici, l’analogie, c’est que le Nikkor, non seulement offre l’autofocus, mais également la tropicalisation.



De plus, cette merveilleuse douceur amortie et souple qui vaut tant de louanges au Zeiss, ne l’avions-nous jamais rencontrée auparavant ? Bien sûr que si ! À l’époque de l’argentique, quand tous les objectifs, même les plus humbles, étaient tous entièrement en métal, toutes les bagues de mise au point présentaient ce même toucher ! Pour m’en assurer, j’ai ressorti le modeste Nikkor 50mm f/2 fourni avec mon tout premier Nikon F, dans les années 70 : la sensation est exactement la même qu’avec le Zeiss, la bague tournant légèrement plus librement, du fait qu’elle a été manipulée des dizaines de milliers de fois, alors que le Zeiss est neuf.

La qualité de fabrication est bien un domaine dans lequel le niveau moyen des prestations offertes aux photographes a sensiblement reculé : aujourd’hui, ce devant quoi on s’extasie n’était rien d’autre que la norme, le « ça va sans dire » d’il y a quarante ans, ce que chacun pourra vérifier en achetant pour une bouchée de pain sur eBay des objectifs de cette époque, s’ils sont encore en bon état.



Autres points à critiquer sur le Zeiss : son fût n’offre quasiment aucune partie fixe permettant de le tenir solidement pour le monter et le démonter de la baïonnette et, plus grave, aucune partie permettant de tenir l’objectif en sécurité pendant la prise de vue, sans risquer de faire bouger la bague de mise au point. Les verres de visée modernes n’étant plus dotés des stigmomètres et autres lentilles de Fresnel qui permettaient jadis de mettre au point facilement, vous placez votre collimateur de mise au point actif (généralement, le collimateur central) sur le sujet principal, puis vous ajustez la bague en vous aidant du télémètre numérique visible dans le viseur. Tout cela fonctionne très bien, et sur les sujets fixes ou se déplaçant lentement, c’est juste une question d’habitude, qui se prend vite, surtout que la profondeur de champ offerte par les ultra-grand-angulaires est considérable.

Mais une fois le point fait, vous devez recadrer pour composer votre image finale, et si vous continuez à tenir l’objectif par la bague de mise au point que vous venez de manœuvrer, il y a de forts risques pour que vous la déplaciez légèrement lors de ce mouvement, faussant ainsi votre précieuse mise au point, et sur un capteur de 36 mégapixels, cela se voit vite. La seule solution que j’ai trouvé consiste, dès la mise au point faite, à transférer la main gauche, qui supporte l’objectif, sous le grand pare-soleil métallique intégré, qui ne peut bouger et assure une excellente prise. Il faut néanmoins penser à le faire, ça ne vient pas instinctivement, et il faut aussi penser à ne pas laisser dépasser la main, car compte tenu de l’angle de champ de près de 80° verticalement, vous pourriez bien vous retrouver à photographier vos propres doigts —et c’est pire encore quand vous photographiez en mode portrait, l’angle de champ étant alors de 100° !



Cela dit, mis à part ces défauts qui ne sont pas si anecdotiques que cela (je déplore particulièrement l’absence de tropicalisation sur une mécanique de ce prix), cet objectif Zeiss est à l’abri de toute critique. Je n’ai pas encore eu le temps de le tester de manière approfondie, mais d’ores et déjà ses qualités optiques sont époustouflantes, y compris à pleine ouverture. Son piqué me paraît même meilleur que celui de mon zoom Nikkor 14~24 mm, et son insensibilité totale au flare est proprement stupéfiante. Je n’ai constaté aucun phénomène de front focus/back focus, le contraste est magnifique et le léger vignettage est automatiquement corrigé lors du développement du RAW par Lightroom, qui est pourvu d’un profil concernant ce 15 mm f/2.8.



C’est sans aucun doute un objectif d’exception, et je m’intéresserais volontiers à d’autres produits de la gamme Zeiss, si seulement la marque daignait se lancer dans l’autofocus, car mettre au point manuellement un 15 mm, c’est une chose, mais faire la même chose avec un télé ou un objectif macro, c’est une toute autre paire de manches…! Certes, je connais l’excuse juridique habituelle selon laquelle il serait impossible à Zeiss, pour des questions de propriété intellectuelle, de fabriquer des objectifs autofocus en monture Nikon ou Canon hors du Japon. Cette excuse tient parfaitement la route, ou plutôt la tenait, mais ne vaut plus rien du tout aujourd’hui que tous les objectifs marqués Zeiss sont également marqués Made in Japan, et ce pour une excellente raison : c’est Cosina qui les fabrique dans son usine de Nakano ! Alors, qu’est-ce qu’on attend ?

dimanche 21 septembre 2014

On a vendu mon numéro de GSM !




Vous et moi avons l’habitude de ces grands serments d’honnêteté éternelle que nous prêtent les sociétés quand elles nous demandent de leur communiquer notre adresse email ou notre numéro de téléphone GSM : Nous jurons solennellement sur la Croix, la Torah et le Coran réunis (et les autres, le cas échéant) que jamais, au grand jamais, nous ne vendrons, ni ne donnerons, ni ne laisserons fuiter par négligence, vos coordonnées personnelles auprès de quelque tiers que ce soit ! Votre numéro (ou votre adresse) ne servira strictement blablabla blablabla...

Ces promesses, donc, nous les connaissons, et en général nous leur accordons un certain crédit, car quand une société qui pourrait s’en abstenir (oups !) prend ce genre d’engagement, nous avons tendance à considérer que c’est plutôt bon signe.

Et puis, il y a tous les cas où nous ne faisons pas attention, où nous fournissons certaines coordonnées parce qu’on nous affirme qu’on DOIT le faire, que c’est absolument indispensable à la réalisation du service qu’on attend (alors que, le plus souvent, c’est simplement plus facile pour la société qui le rend), et aussi, bien sûr, la grande masse des cas où on ne nous explique rien du tout, mais où un stupide serveur vocal (pardon pour le pléonasme) ou un formulaire internet obstiné (bis repetita) ne nous permet tout simplement pas de continuer sans avoir « renseigné », comme l’on dit, l’information fatidique.

Depuis peut-être une semaine, je vois arriver sur mon cher iPhone d’étranges SMS : un magasin de vêtements dont je ne suis pas client m’informe de ses soldes privées ; le concessionnaire de mon ancienne marque de voiture m’invite à reprendre la vie commune après toutes ces années d’infidélité (à l’époque, j’avais pourtant un autre numéro de GSM) ; un marchand de meubles de mon voisinage, qui s’apprête à mettre la clé sous la porte, me propose de bénéficier de ses prix massacrés…

Cette quasi-concomitance de ces trois messages promotionnels, arrivés en l’espace de deux ou trois jours, sont le signe indéniable que mon numéro, mon identité, et mon adresse, ont été vendus par une des sociétés ou institutions à qui j’ai dû les communiquer récemment. Il n’y en a pas beaucoup car, alerté sur ce risque, je ne les donne qu’avec parcimonie. Est-ce l’APHP ou les Hospices Civils de Lyon, avec lesquels j’ai été récemment en rapport pour l’hospitalisation d’un proche ? Est-ce l’une des compagnies aériennes turques qui m’ont transporté sur plusieurs vols l’été passé ? Ces deux groupes constituent mes principaux suspects, mais bien entendu, comme à chaque fois qu’une information confidentielle est divulguée, il est bien difficile de savoir qui est coupable, et encore davantage d’en apporter la preuve…

Quand on divulgue des photos d’actrices américaines nues piratées sur le « cloud », j’ai plutôt tendance à rigoler de leur indignation : d’abord, elles n’avaient qu’à pas poser nues si elles voulaient éviter tout risque, et ensuite il faut vraiment qu’elles n’aient pas grand-chose dans le citron pour accepter que ces photos hautement personnelles soient stockées sur le « cloud », où comme chacun sait il est si facile de les pirater !

Donc, selon moi, l’adage Nemo turpitudinem auditur…, qu’on apprend avec délectation en première année de droit, s’applique ici à merveille : les neuneus l’étaient déjà à l’époque des Romains (et aussi bien avant), et c’est là un domaine dans lequel l’homo soi-disant sapiens n’a fait strictement aucun progrès depuis plus de deux millénaires ; il aurait même plutôt régressé. En revanche, lorsqu’on communique un numéro de GSM en pleine connaissance de cause, parce que c’est indispensable pour servir une fin plus haute et/ou plus urgente, et lorsqu’on fait confiance —même implicitement— aux tiers concernés pour prendre soin de vos données personnelles en n’imaginant pas qu’ils iront les revendre aux data brokers pour quelques sous, eh bien il est particulièrement agaçant de se retrouver victime, non pas de sa propre stupidité, car alors on ne pourrait s’en prendre qu’à soi-même, mais de l’âpreté au gain et de l’absence de morale du tiers, en apparence respectable, avec lequel on a traité.

Si le marketing ciblé qui va s’ensuivre se limite à un ou deux SMS par semaine, ça pourra encore aller, même si dans le principe, c’est inadmissible. Heureusement que les photos de moi nu sont en sécurité !

jeudi 17 juillet 2014

The DSLR is most definitely not dead! Le reflex numérique n'est évidemment pas mort!

Certains auteurs de blogs, pour l'essentiel anglophones (raison pour laquelle mon titre est en deux langues), utilisateurs convaincus de ces nouveaux appareils-photo que l'on nomme "hybrides" (ou mieux, en anglais, mirrorless puisqu'aucun miroir n'intervient dans leur système de visée comme dans les reflex), se sont ces derniers répandus en titres plus racoleurs les uns que les autres, affirmant pour l'essentiel que "the DSLR is dead", ce que vous aurez infailliblement traduit par "le reflex numérique est mort" —tué, bien sûr, par le mirrorless.

Sans doute espèrent-ils que cette petite provocation contribuera à faire venir davantage de gens sur leur blog, mais comme ils ne valident bien sûr jamais les commentaires critiques, même bien argumentés, ils ne craignent pas le droit de réponse, raison pour laquelle j'écris à mon tour cet article en forme de réfutation.

Comme à chaque fois que je suis témoin d'une manifestation éclatante de la bêtise humaine (ce qui arrive, hélas! de plus en plus souvent), je suis dans un premier temps pétrifié d'ébahissement: comment, mais comment par tous les saints, peut-on s'abaisser à proférer de pareilles âneries?

En effet, comment peut-on soutenir avec le moindre début de sérieux que les hybrides de Fuji, de Sony ou d'autres marques auraient le moindre espoir de provoquer l'extinction de la race des reflex numériques?

Morts, les reflex, vraiment? Il n'y a qu'à regarder le long des lignes de touche des terrains du Mundial, le long des piscines ou des pistes de J.O., dans les enclos de presse du G-7 ou au bord des marches du Festival de Cannes, pour se rendre compte que le reflex numérique est en vie, et même en excellente santé. Propriétaire depuis environ un an d'un Fuji X Pro 1 dont j'ai vanté les mérites dans ces colonnes, et de cinq objectifs Fuji d'une qualité remarquable, pour l'essentiel des focales fixes, cet ensemble dont j'apprécie la légèreté, le plaisir d'utilisation et la discrétion ne m'a jamais donné l'idée, ne fut-ce qu'un instant, de me séparer de mes Nikon habituels... Comment, d'ailleurs, en serait-il autrement?

En effet, les Nikon gardent l'avantage en termes de solidité, de rapidité de mise en œuvre, de qualité et de rapidité de l'autofocus et de l'exposition, de performances en basses lumières (même si le X Pro 1 s'en sort bien jusqu'à 6400 ISO, avec les Nikon on décuple presque cette sensibilité...), de vitesse de rafale —avec ajustement constant de la mise au point et de l'exposition, s'il vous plaît! De plus, la palette des objectifs Nikkor me permet d'avoir un véritable objectif macro montant au rapport 1:1, un objectif à bascule et décentrement, ou encore un zoom à très longue focale... sans parler de la possibilité d'utiliser tous les objectifs de la marque depuis plusieurs décennies... On est très, très loin de ce genre d'amplitude avec le meilleur des mirrorless...

Bref, prétendre que les appareils hybrides vont tuer les reflex numériques est aussi stupide que de prétendre, à la sortie de la Renault 5, qu'elle allait tuer le Range Rover! Reflex et hybrides sont des outils, des outils différents qui possèdent chacun leurs qualités et leurs défauts, qui sont chacun plus ou moins adaptés à telle ou telle tâche photographique, mais dont aucun ne signifie la "mort" de l'autre! Je comprends que certains, pour des raisons strictement financières, doivent faire un choix, et s'ils choisissent l'hybride pour de bonnes raisons et abandonnent Nikon ou Canon, eh bien bravo à eux: ils ont choisi le meilleur outil pour leur propre style, puisqu'ils ne pouvaient en conserver qu'un. Mais de grâce, que l'on cesse de dresser une "tribu" contre l'autre, il existe de bien meilleures manières de mettre en valeur son talent que de vanter ses propres choix techniques aux dépens de ceux des autres. Imaginez deux écrivains qui s'étriperaient en prétendant que le stylo à plume de l'un est supérieur au feutre du second, et vice versa? Eh bien, dans le non-débat reflex versus hybride, on en est là, et c'est navrant.

Et, s'il vous plaît, un peu de retenue, sachons raison garder, et pénétrons-nous bien de l'idée que l'outrance, loin de contribuer à propager nos convictions, ne fait que nous discréditer nous-mêmes, ainsi que les idées que nous prétendons défendre.

mercredi 16 juillet 2014

Déçu par Billingham

J'ai expliqué dans un article précédent (http://drobert-photo.blogspot.fr/2014/06/le-graal-du-sac-photo-ideal.html) pourquoi je n'avais pas l'intention d'emporter en vacances dans quelques jours mon Billingham Hadley Pro récemment acquis, et pourquoi j'allais lui préférer un bon vieux sac à dos Eastpak. Eh bien, j'ai voulu donner encore une chance au Billingham et je l'ai emporté le weekend dernier pour un court séjour à Paris, chargé du Fuji X Pro 1, des quatre objectifs Fuji qui complètent mon "kit vacances", et de la cellule Sekonic L 758... et cette nouvelle expérience a confirmé mes conclusions précédentes!

Il est certain que ce Billingham est superbement fabriqué et fini, et qu'il a un look admirable d'élégance discrète. Ces qualités ne peuvent pas sérieusement être remises en question. Cela étant, outre le problème du portage à l'épaule moins confortable que celui d'un sac à dos, j'ai trouvé, à l'usage, le système de fermeture du Billingham difficile à manœuvrer, que ce soit à l'ouverture ou à la fermeture. D'accord, c'est une bonne nouvelle pour lutter contre un éventuel pickpocket; d'accord, cela garantit contre les ouvertures accidentelles; et d'accord, les pattes de cuir qui assurent la fermeture prendront, avec le temps, du jeu et de la souplesse les rendant plus faciles à manipuler. Néanmoins, même en les imaginant moins résistantes, ces pattes sont difficiles à manœuvrer, il y faut les deux mains et il faut prendre le coup... Je n'y étais pas parvenu après plusieurs dizaines d'essais, et je n'ai rien de spécialement maladroit.

De plus, les poches frontales elles-mêmes, qu'un gros bouton-pression de qualité permet de clore (plus ou moins), sont elles aussi difficiles à manœuvrer. Peut-être qu'archi-pleines, ce serait plus facile, mais les bourrer n'est pas forcément le but du jeu, et quand elles sont à moitié vides, il faut là aussi deux mains pour les fermer, et souvent deux mains pour les ouvrir, car les boutons-pression sont, certes fort solides, mais également bien résistants à faire jouer...

Tout cela n'est pas simple et je me suis vu dans un coin perdu de Cappadoce, bataillant avec les fermetures de mon sac-photo sous un soleil de plomb, tout en me languissant de ma bouteille d'eau qui n'avait pu trouver place dans mon élégant Billingham...

La décision est donc prise: le Billingham sera relégué au placard, dans l'attente de lui trouver un usage plus adapté, et pour ne pas être en déficit d'élégance en emportant mon vieil Eastpak de cuir noir qui a pas mal vécu, j'ai fait l'acquisition de son frère jumeau en cuir beige, dernier exemplaire d'un type qui ne sera plus fabriqué, et lui aussi magnifique...



Bonnes vacances à tout le monde, avec le sac-photo qui vous convient !

lundi 30 juin 2014

Le Graal du sac-photo idéal




Nombreux sont les photographes qui, dans leur quête du sac-photo idéal, en possèdent toute une collection, et continuent à en acquérir, faute d’avoir trouvé, justement, cet idéal.

S’il est si difficile à atteindre, c’est probablement qu’il n’existe pas un sac-photo idéal, mais plusieurs, en fonction de l’usage que l’on compte en faire.

Pour ma part, après avoir possédé quelques années un classique sac à dos Lowepro de la série Trekker, que j’ai fini par trouver bien lourd et pas si pratique, je me suis rabattu sur un grand Kiboko 32 litres de la marque Gura Gear que j’utilise depuis 4 ou 5 ans avec toute satisfaction. Il est grand et très logeable, intelligemment conçu, confortable à porter (enfin, relativement, ça va de soi !), et surtout très léger sans faire de compromis en matière de protection du matériel transporté. C’est l’idéal, quand on se balade avec un ou plusieurs boîtiers reflex pro et une collection d’objectifs (allant jusqu’au gros 200~400mm), de flashes et d’accessoires divers, y compris un trépied. Dans ce compartiment du jeu, j’ai trouvé mon Graal.

Restent les autres cas, c’est-à-dire les sorties/vacances/reportages pour lesquels le Kiboko est manifestement surdimensionné… et dans ce domaine-là, la quête, hélas ! continue.

J’ai d’abord acheté un « petit Kiboko » de 18 litres (rebaptisé entretemps du nom ridicule de « Bataflae », alors que kiboko, mot swhaili désignant un fouet en peau de rhinocéros, était si joli et original…). Particulièrement léger, très logeable, ce sac présentait l’inconvénient d’être très profond, presque autant qu’un grand modèle, ce qui le rend un peu disgracieux et surtout empêche qu’on le porte confortablement sur le devant du torse, ce qui est parfois utile, comme on le verra plus loin. De plus, s’il convenait bien au transport d’un kit réduit à base de reflex pro ou semi-pro, il était trop grand pour le kit alternatif que j’utilise, à savoir le boîtier Fuji X-Pro 1 et quelques objectifs, essentiellement des focales fixes.

Je me suis donc résigné à le vendre.

Convaincu par les innombrables louanges décernées sur Internet, j’ai récemment acheté un Billingham. Après avoir longtemps hésité quant au modèle à choisir, je me suis décidé pour un Hadley Pro en fibre synthétique FibreNyte. C’est un bel objet, et sa fabrication est remarquablement soignée, comme je m’y attendais… sans toutefois être parfaite, à en juger par les bouts de fils qui dépassent çà et là sur l’insert intérieur. Il est bien conçu et sa taille est parfaite pour emporter le kit Fuji dont je viens de parler, mais toutefois un peu juste pour un kit à base de reflex, même un peu encombrant Nikon D700. Quant aux objectifs pro qui l’accompagnent, ils se trouvent eux aussi un peu à l’étroit.




Cela étant, je l’ai acheté prioritairement pour le X-Pro 1, et de ce côté-là, rien à dire.

Rien à dire ? Voire… En effet, si le matériel lui-même tient aisément, qu’en est-il des petits surplus ? Les accessoires photo, eux, trouvent place dans les poches frontales, voire dans les petites (très petites) sacoches latérales Avea que j’ai ajoutées. Dans la poche zippée sur la face intérieure du sac, on peut glisser un Kindle, mais pas un PC, même notebook, ou alors en forçant pas mal… et quid de la bouteille d’eau, voire du petit sandwich, et du magazine ? De la petite laine pour le soir, du chapeau de soleil, de l’écharpe, du K-way ? Pas de place pour tout cela.



 Facile, me direz-vous, il fallait acheter un plus grand modèle ! Peut-être, mais que ferais-je d’un plus grand modèle les jours où je n’aurai pas ces petits suppléments à emporter ?

De plus, ma femme m’avait prévenu et j’ai eu tort de ne pas l’écouter, le portage à l’épaule, même avec la sangle croisée sur le torse, ce n’est pas si confortable que ça…

Quel est donc, en vérité, le fond du problème ? Eh bien, c’est que tout sac-photo destiné au kit Fuji est systématiquement comparé à un banal petit sac à dos Eastpak, le même que celui que des millions d’ados et d’étudiants trimballent à longueur de journée, sauf que le mien est en cuir noir pour « passer » un peu mieux en ville, mais en dehors de cela c’est le même. Et pour un usage photo, il présente bien en vérité des avantages : d’abord, il est très logeable, une fois le kit Fuji installé à l’intérieur, il reste une place énorme pour mettre tous les objets dont j’ai parlé. Et lorsqu’il est moins plein, la souplesse du cuir fait qu’il se replie sur lui-même, prenant ainsi le moins de place possible.



Ensuite, je dois bien reconnaître qu’il est plus confortable de porter sur le dos une charge bien répartie sur les deux épaules. L’Eastpak peut également être porté sur une seule épaule, si l’on a envie, voire à la main, comme le Billingham, puisqu’il possède une poignée en tissu. Et l’accessibilité au matériel, point noir habituel des sacs à dos, n’existe pas ici, puisque la souplesse du cuir permet de le porter très facilement sur le devant du corps. Même si cela n’est guère flatteur, cela permet une accessibilité idéale, l’ouverture par le haut protégeant également le contenu contre toute chute accidentelle.

De plus , cet Eastpak est particulièrement bien fabriqué, les fermetures zippées sont d’excellente qualité, et je le trimballe depuis quelques années sans égard particulier et sans le moindre problème, si ce n’est les jolies tirettes en cuir qui ont tendance à partir de leur côté (j’en ai perdu une sur la fermeture de la poche principale, que j’ai remplacée par une autre, moins belle mais beaucoup plus facile à saisir). Il y a même, contre la face antérieur, un séparateur matelassé créant un compartiment distinct qui peut contenir une tablette, un PC, ou n’importe quoi d’autre que vous souhaitez isoler du compartiment central. Et bien sûr, il y a aussi la poche zippée extérieure, elle aussi d’une grande contenance.

Enfin, il n’y a pas mieux côté discrétion : avec sa forme archi-connue dans le monde entier, ce sac ne ressemble vraiment pas à un sac-photo.



Pour autant, tout n’est pas rose : le poids n’est certes pas un inconvénient, il est très léger même s’il est intégralement en cuir, mais ce n’est évidemment pas un matériau respirant et on transpire rapidement lorsqu’on le porte sur le dos par grosse chaleur. Ensuite, rien n’est prévu pour transporter un trépied puisque ce n’est pas un sac-photo. Quand il m’en faut un mais que je souhaite garder les mains libres, je me rabats sur un astucieux porte-trépied de ceinture vendu par Gitzo (accessoire qui, lui aussi, prend facilement place dans l’énorme ventre de l’Eastpak).

Ensuite, comme ce n’est pas un sac-photo, l’intérieur n’offre aucune protection particulière contre les chocs, aucun rembourrage, aucune possibilité d’organiser des compartiments cloisonnés comme dans un sac-photo habituel. Deux parades possibles : ou bien installer dans l’Eastpak un insert provenant d’un autre sac (par exemple celui du Billingham, et je crois qu’on en trouve également en vente sur Internet) ; ou bien utiliser des poches individuelles pour protéger les objectifs et contenir les petits accessoires qu’on passe du temps, sinon, à chercher au fond du sac. Pour les fans de la marque, Billingham en fabrique d’assez jolis (les « Simplies »), avec une base en cuir, mais la toile qui les compose est franchement « légère » et n’offre guère de protection. Ils peuvent convenir pour de petits accessoires qui ne craignent pas grand-chose. Je leur préfère les poches en cuir de veau, double épaisseur, faites avec un peau très souple et légère, d’excellente qualité, très doux au toucher et qui procurent vraiment une bonne protection. On les trouve pour pas cher sur Internet… faits en Chine, comme tout le reste. J’en possède une bonne demi-douzaine de tailles diverses, c’est l’idéal pour protéger les objectifs.

Enfin, la faiblesse essentielle de l’Eastpak, c’est son absence d’imperméabilisation. Bien que le cuir résiste un peu à l’eau, je ne sais pas quel serait le comportement de ce sac (cuir et fermetures zippées) en cas de grosse pluie, alors que le Billingham possède en ce domaine des performances parfaites, comme le confirment de nombreux témoignages d’utilisateurs.

Pour conclure : en dépit de son élégance et de sa qualité, le Billingham ne m’a pas convaincu pour le format « trois semaines de vacances avec parfois des machins divers et variés à transporter en plus du kit Fuji ». Le sac à dos Eastpak m’accompagnera donc en Turquie (ou la résistance à la pluie n’est pas une considération prioritaire), même si le Billingham lui sera sans doute préféré pour un weekend à Paris… surtout à la mauvaise saison !

dimanche 1 juin 2014

Retouche photo et hypocrisie

L'autre jour, sur un forum traitant de photo de voyage, quelqu'un recommanda le livre Conseils d'un photographe voyageur, d'Olivier Föllmi. Je n'avais pas lu ce livre mais, me souvenant de quelques photos de Föllmi que j'avais aimées, et sachant que le bonhomme est quand même l'un des rares qui parvient à vivre de ses photos de voyage, je fis l'emplette de son petit opus.

Föllmi est, à l'évidence, un mystique profond dont l'approche humaniste se confond avec une appréhension quasi-religieuse, en tous cas fusionnelle, de ses sujets. Cette approche ne me correspond pas et je lus en diagonale bon nombre de pages qui s'assimilaient davantage à du prêchi-prêcha qu'à de véritables conseils opérationnels et exploitables pour photographes voyageurs... sauf à être un grand mystique comme lui, évidemment.

Pour autant, son petit livre contenait un certain nombre de points intéressants, même s'ils n'étaient pas entièrement nouveaux par rapport à ce que tout un chacun peut lire en faisant quelques recherches sur internet ou en lisant d'autres livres de grands voyageurs tels que, par exemple, Steve McCurry. J'étais juste un peu irrité par la pub faite sur chaque page pour Fuji, sous prétexte que cette marque sponsorise l'auteur: là, pour le coup, on bascule du mysticisme le plus éthéré dans le matérialisme le plus mercantile!

Bref... Je suis arrivé page 88, où figure le chapitre "Retoucher ses images", et là je lis la première phrase ainsi: Pour un bon photographe, une image à retoucher devrait aller à la poubelle. Aïe.

Déjà, ce genre de pronunciamento imbécile, digne des jugements à l'emporte-pièce qu'on assène au comptoir du Café du Commerce parce qu'on a bu un coup de trop, qu'on n'a plus toute sa lucidité et qu'on est incapable de faire encore dans la nuance, est difficilement admissible de la part d'un grand professionnel, qui écrit en principe à jeun, et qui devrait savoir que les situations réelles sont infiniment plus complexes, et que si ce qu'il affirme était vrai, il n'y aurait pas beaucoup de "bons photographes" sur Terre (y compris tous ceux qui sont infiniment plus et mieux reconnus que Föllmi).

Ensuite, les affirmations de ce type émanent le plus souvent de ceux qui ne maîtrisent pas les outils de retouche et qui, plutôt que de l'avouer, préfèrent prétendre qu'ils sont haïssables (travers bien connu de la race humaine) —alors qu'en vérité, ils aimeraient apprendre à les utiliser...

Enfin, cet intégrisme professé, cette intolérance absolue, est à l'image de ceux et de celles dont la politique, les mœurs ou la religion nous offrent le spectacle, c'est-à-dire qu'elles ne s'appliquent pas à soi-même, évidemment. En effet, que lit-on sous la plume de notre brave Genevois, juste après? Lors de la phase de gravure [que nous autres pauvres gueux pourrons assimiler à l'impression de nos photos], il arrive de devoir contraster un ciel, densifier une couleur ou ouvrir une ombre.

Ah bon? Et cela, ça ne serait pas, par hasard, comme qui dirait, de "la retouche", cette retouche honnie que tout "bon photographe" doit bannir? Mais non, voyons, pas de mauvais esprit! Poursuivons la lecture de la parole du Maître: J'accepte des ajustements chromatiques modérés [c'est quoi, des "ajustements chromatiques"? et c'est quoi, "modérés"?] s'ils restent dans les limites du respect de la photographie. Et qui va en être juge, de ce respect? Monsieur Föllmi, bien sûr. Lui sait jusqu'où il peut se permettre de triturer ses images. Quant aux autres, dès qu'ils tritureront, ils n'auront qu'à s'intituler, selon lui, "artistes infographistes".

En résumé, Föllmi, c'est: "Faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais. Si vous éprouvez le besoin de retoucher vos photos, c'est que vous n'êtes pas un bon photographe. Oui, c'est vrai, moi aussi je retouche les miennes, mais moi je sais jusqu'où ne pas aller trop loin, et je sais rester un 'artiste photographe' sans tomber dans la sous-catégorie des 'artistes infographistes'. Vous, non."

Franchement, il y a de quoi se tordre de rire. Notre pauvre Suisse, qui avait dû abuser de la fondue et du fendant quand il a pondu son chef-d’œuvre, a perdu à mes yeux toute crédibilité. Quand on pense que c'est lui qui, par ailleurs, se fait l'apôtre de la tolérance, du respect des autres, de l'écoute, et qu'on le sait capable de proférer ce genre de discours d'exclusion, de dire, du haut de son savoir auto-proclamé, qui est un "bon photographe" et qui ne l'est pas, eh bien on peut se demander à quel moment du livre le mensonge a commencé...