jeudi 24 janvier 2013

Florence Cassez est-elle innocente ?




[AVERTISSEMENT : si ce blog est bien sous-titré « Photographie et opinions », nous sommes clairement, ici, dans la partie « opinions ». Je le précise, au cas où…]

Après de nombreuses années d’emprisonnement au cours desquelles elle « n’a cessé de clamer son innocence », Florence Cassez est revenue en France, à la suite d’une décision de libération immédiate rendue par de la Cour suprême mexicaine.

Tout le monde se réjouit de la voir revenir. « Son innocence a été reconnue ! », clame-t-on de toutes parts.

Pourtant, il n’en est rien : nous assistons une nouvelle fois à la propagation d’informations partielles, tronquées, déformées, simplifiées, prédigérées pour que le grand public assimile plus aisément le message.

En vérité, l’innocence de Florence Cassez n’a pas été reconnue. Ce qui a été reconnu, c’est qu’elle avait été arrêtée dans des conditions manifestement illégales, procéduralement parlant, et qu’en conséquence, du point de vue du droit aussi bien que du bon sens (pour une fois accordés), les juges ne pouvaient qu’ordonner son élargissement.

Pour autant, à ce que je sache, l’impossibilité de la garder en détention n’a rien à voir avec le fait qu’elle soit coupable ou non des faits qui lui étaient reprochés. Cette culpabilité, me semble-t-il, a été à tort ou à raison reconnue par plusieurs tribunaux mexicains devant lesquels il faudrait, si la chose était possible, qu’un nouveau procès se tienne sur le fond de l’affaire pour que l’on puisse dire un jour si « son innocence a finalement été reconnue » ou pas.

Je n’ai bien entendu rien contre Florence Cassez ; ce petit billet est simplement l’occasion de regretter qu’aucun media sérieux n’ait su faire la distinction entre erreur de procédure et erreur sur le fond. Il semble que seuls certains media mexicains fassent cette différence, ce qui est assez navrant au pays de Descartes —devenu entretemps, il est vrai, la patrie de la Star Ac’.

samedi 19 janvier 2013

Pourquoi je n’aime pas Sigma, Tamron et les autres



On voit souvent des utilisateurs de reflex munis d’objectifs fabriqués par des tiers, c’est-à-dire d’une marque différente de celle de leur boîtier.

En revanche, lorsqu’on regarde les pros, que ce soit aux Jeux Olympiques, à la montée des marches au Festival de Cannes ou à la dernière réunion du G8, 10 ou 20, on voit que tous les boîtiers Canon sont équipés d’objectifs Canon, et tous les boîtiers Nikon d’objectifs Nikon.

Cette simple constatation doit déjà nous dire qu’aux yeux des pros pour qui le prix n’entre pas véritablement en ligne de compte, et qui veulent la qualité optique maximale et la performance mécanique maximale, les Sigma & consorts ne sont pas dans la course. Il y a certainement une leçon à en tirer, non ?

Certes, les objectifs fabriqués par les tiers sont nettement moins chers. Leurs performances optiques sont souvent bonnes, parfois même très bonnes, mais rarement partout au même niveau que celles des objectifs du fabricant du boîtier (je parle pour Nikon, en ce qui me concerne, et mes amis Canonistes disent la même chose). Mécaniquement, ils sont parfois très bien construits mais, là encore, pas véritablement au même niveau que leurs concurrents, notamment en termes de résistance aux intempéries. Leur autofocus est souvent moins rapide et moins précis que celui des objectifs de la marque, et leurs bagues ne tournent pas avec la même sensation de douceur veloutée, si agréable à l’usage.

Et surtout —et c’est là, bizarrement, un argument qui est rarement évoqué— les ingénieurs de Sigma ou Tamron ou des autres du même tonneau ne sont pas dans le secret de ce que mijotent Nikon ou Canon ou Pentax pour leurs futurs boîtiers. Quand ils conçoivent un objectif « compatible », il est compatible avec ce qui existe aujourd’hui. Ce même objectif sera-t-il toujours compatible avec les modèles qui sortiront dans quelques années, et exploitera-t-il à fond toutes leurs nouvelles possibilités électroniques ? Peut-être pas, alors pourtant qu’un objectif a vocation à être un investissement à bien plus long terme qu’un boîtier…

En revanche, un objectif conçu dans les mêmes bureaux d’étude que les boîtiers, lui, aura toutes les chances d’assurer cette compatibilité, et plus on ajoute d’électronique à la mécanique et à l’optique traditionnelles des objectifs, plus cet argument est pertinent.

C’est pourquoi, en ce qui me concerne, je préfère dépenser davantage pour acquérir des objectifs de qualité dont je sais que je les garderai pendant des années et des années, sans aucun souci de compatibilité avec mes boîtiers futurs. Je comprends ceux qui, notamment (allez, soyons honnêtes : essentiellement) pour des raisons budgétaires, font un choix différent, mais je ne changerai pas ma façon de faire pour la leur.

Une petite exception, peut-être, pour certaines focales fixes de très haute qualité et à mise au point manuelle, comme les produits Zeiss, car ils se reposent moins sur les automatismes que les zooms bon marché de certains fabricants japonais, et sont donc moins exposés au risque d’incompatibilités futures, bien qu’ils y soient aussi exposés dans la mesure où ces optiques échangent des informations par voie électronique avec le boîtier.

mardi 1 janvier 2013

L’informatique, c’est savoureux !



L’un des amis que nous avons reçus pour le réveillon nous a apporté une magnifique corbeille de produits régionaux. Comme il est du Sud-Ouest, région de bonne bouffe s’il en est, je me pourléchais les babines à l’idée de déguster l’une des mini-terrines contenues dans ce panier. Ce soir, histoire d’atterrir en douceur tout en ne perdant pas la main après deux semaines de marathon gastronomique, j’avise une « Terrine de lapin à l’estragon » de belle apparence dans son bocal de verre et je vais pour l’ouvrir quand une mention, fièrement apposée sur le couvercle, attire mon regard :

« Produit fabriqué dans l’entreprise, sous assurance qualité et contrôle informatique » !

Saperlipopette ! Qu’est-ce qu’ils ont encore été nous inventer là ?

« Produit fabriqué dans l’entreprise », c’est pour nous dire quoi ? Que ça ne risque pas de venir d’une de ces fermes à l’entour où l’on cuisine de délicieux produits du terroir, bien frais et goûteux, loin de tout souci de stérilisation ? Ben, c’est réussi.

« … sous assurance qualité… » : dormez tranquilles, bonnes gens, on a traqué le moindre microbe, la moindre bactérie, il n’y a absolument plus rien dans ce bocal qui soit susceptible de donner du goût à votre terrine…

« … et contrôle informatique » : alors, là, c’est le bouquet ! Voilà qu’en plein cœur de la France des régions, la France du goût et du terroir, en un mot comme en cent : à Tarbes, on nous concocte de la terrine de lapin à l’estragon sous contrôle informatique ! Et on s’en vante ! Ah, vous pensez comme on est rassuré ! Au moins, on peut être sûr, avec ces gens-là, que nos traditions culinaires sont en de bonnes mains, sans risque d’être bradées aux technocrates moralisateurs de Bruxelles, toujours prêts à essayer de transposer chez nous les normes américaines, parce que c’est forcément mieux et plus chic quand ça vient de là-bas !

Vous ferai-je un aveu ? Ma terrine de lapin informatisée m’a subitement parue beaucoup moins attirante… Je crois que je vais la laisser aux enfants : au moins, eux qui bouffent de la console toute la journée, ils ne seront pas dépaysés.