mercredi 20 décembre 2017

J’abandonne Lightroom (et bientôt Photoshop) au profit d’Affinity





Il y a quelques années, les fabricants de pneumatiques ont réussi un coup marketing de génie en inventant le pneu hiver : alors qu'auparavant tout le monde roulait avec des pneus “normaux”, et des chaînes ou des pneus spéciaux en montagne, du jour au lendemain, ils ont potentiellement doublé leur chiffre d’affaires (huit pneus par véhicule au lieu de quatre), ou en tous cas considérablement élargi leur marché potentiel en culpabilisant les automobilistes pour les convaincre d’acheter les nouveaux “pneus hiver”. Quelle trouvaille!

Et à quand les “pneus printemps” et les “pneus automne”? Ne riez pas, cela arrivera sûrement, aussi sûrement qu'on roule encore maintenant à 90 sur route normale, dans pas longtemps sans doute à 80, et qu'on roulait en ville à 60, aujourd'hui à 50, voire le plus souvent à 30, quand ce n'est pas à 20... Il ne leur reste plus guère que “10”, et après on ira à reculons!

Les éditeurs de logiciels se sont longtemps creusé la cervelle à la recherche, eux aussi, de ce genre d’eldorado… et ils l’ont trouvé avec l’émergence du soi-disant « cloud », c’est-à-dire tout simplement qu’au lieu de vous vendre leurs programmes sur des CD ou des DVD dans de jolies boîtes cartonnées remplies de volumineux manuels qui coûtent des sous à imprimer, ils se les sont gardés sur leurs propres serveurs et ont commencé à nous vendre le droit de les utiliser en nous connectant à leurs serveurs via internet, par abonnement mensuel.

Que d’économies sur leurs coûts de production ! Et surtout, quel moyen idéal pour piéger et emprisonner le gogo —pardon, le client, que de l’abonner à un produit ? Car, si le gogo client en question arrête son abonnement, eh bien, il ne peut tout simplement plus travailler sur ses documents anciens, ni en créer de nouveaux… Donc, une fois hameçonné, il est quasiment impossible pour lui de s’en sortir! Génial! Le “client captif” dans la plus pure acception du terme!

Au temps des licences perpétuelles, quand on achetait le logiciel sur DVD à la FNAC ou ailleurs, on le possédait pour la vie… Certes, peut-être pas dans la toute dernière version, car les mises à jour elles aussi avaient un prix, mais au moins dans une certaine version… Avec l’abonnement, vous n’avez plus rien. Si on parle de Photoshop, non seulement vous ne pouvez plus traiter vos photos, mais vous ne pouvez même plus ouvrir les fichiers de vos anciennes photos, si vous n’avez pas pris la précaution de les sauvegarder dans un format compréhensible par d’autres logiciels… Tous vos fichiers .psd sont en effet devenus illisibles.

Grâce à ce stratagème, qui vaut largement celui des pneus hiver, Adobe a considérablement accru ses revenus au cours des cinq ou six dernières années.

Personnellement, je n’ai jamais accepté de me faire traire de cette manière, et j’en suis donc resté, en ce qui concerne Photoshop, à la version dite « Creative Suite 5.1 »… mai se posait le problème du développement des RAW, puisque le moteur de développement contenu dans cette version de Photoshop était périmé et ne me permettait plus d’ouvrir les RAW de mes nouveau boîtiers, en particulier le Nikon D810. J’ai donc dû me rabattre sur un autre logiciel d’Adobe, Lightroom, que j’ai dû ajouter à ma collection et apprendre, et qui permet de développer les RAW avec la même aisance que le module CameraRAW de Photoshop.

J’ai fonctionné ainsi depuis trois ans, et j’ai été rassuré lorsqu’Adobe a annoncé, il y a un peu plus d’un an, que nonobstant le succès phénoménal de leur formule d’abonnement, Lightroom resterait «indéfiniment» disponible selon la formule «licence perpétuelle ».

C’est bien connu en politique : les promesses n’engagent que ceux qui sont assez bêtes pour y croire, et Adobe a menti à toute la communauté de ses utilisateurs, puisqu’il a été annoncé cet automne (2017) que la version 6.17 serait la dernière fournie en «licence perpétuelle». Pour bénéficier des versions suivantes, il faudra, vous l’avez deviné, souscrire un abonnement !

Face à cette déception et à cette promesse brisée par une société que je considérais comme honorable et respectable, et qui n’est finalement qu’une boîte de vendus, j’ai décidé de passer chez l’éditeur britannique Sérif, qui édite notamment le logiciel Affinity Photo, déjà très complet et puissant, qui fait la plupart des choses que font Lightroom ET Photoshop. Je pensais acheter cependant cette toute dernière version standalone de Lightroom, la 6.17 qui vient de sortir, mais en dépit de mes efforts, j’ai été incapable de la trouver sur internet, tous les liens de téléchargement pointant invariablement vers la formule par abonnement.

Étant sur le point de remplacer mon D810 par un D850, je ne pourrai plus ouvrir les RAW qu’il produira avec Lightroom ; je vais donc basculer sans délai vers Affinity Photo, que j’ai acheté pour une cinquantaine d’euros en licence perpétuelle, avec toutes les mises à jour futures gratuites. Est-ce à dire que je suis devenu gogo et que je crois à cette promesse-là ? Non, bien sûr que non. J’imagine bien que Sérif pourra prendre un jour, lui aussi, la grosse tête, grisé qu’il pourrait notamment être par son succès face à Adobe, car des dizaines de milliers de photographes, dégoûtés par les pratiques de bandits de grand chemin d’Adobe, ont rejoint le camp de Sérif et d’Affinity. Mais pour le moment, tant que ça dure, profitons-en.

J’enjoins tous les photographes qui liront cet article à faire de même. Il existe maintenant sur le marché d’excellentes alternatives à Lightroom/Photoshop, souvent plus agiles et rapides, parfois même plus puissantes, et ne nécessitant quasiment aucune période d’adaptation pour un ancien utilisateur des produits d’Adobe, car même les raccourcis-clavier ont été conservés !

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