vendredi 31 mars 2017

Ma nouvelle rotule : le Cube Arca-Swiss


En tant que photographe paysagiste et d’architecture, j’ai régulièrement recours à un trépied. En tant qu’utilisateur d’objectifs à bascule et décentrement, ce recours s’impose d’autant plus, que ce soit pour bien aligner le plan focal, pour réaliser un panorama ou une pose longue, ou tout simplement pour fignoler le cadrage.

Je sais donc l’importance de posséder un trépied de qualité, et j’ai eu la chance de lire il y a des années les avis de photographes dont la sagesse m’a évité d’acheter successivement trois ou quatre trépieds de qualité médiocre (et impossibles à revendre), avant de me décider à investir dans un modèle de qualité. Je suis donc tout de suite passé au trépied Gitzo en fibre de carbone, je possède le mien depuis pas loin de dix ans, et il est quasiment comme neuf.

Je sais également l’importance d’utiliser une rotule de bonne qualité. Qu’elle soit du type « boule » (ma préférence) ou non, la rotule est tout aussi importance que les jambes du trépied. Pour la photographie générale, j’utilise une RRS (Really Right Stuff) modèle BH-55, que je possède là encore depuis des années et qui fonctionne comme au premier jour.

Mais, d’aussi bonne qualité que soit cette rotule, le système à friction auquel elle fait appel trouve ses limites lorsqu’il s’agit de procéder à des ajustements minutieux, précis et répétables. Et comme j’aimerais m’intéresser davantage à la macrophotographie, et en particulier à la technique dite du focus stacking, j’ai été conduit à regarder les têtes dites « à engrenages » (geared heads), et les critiques et essais lus sur le web m’ont rapidement convaincu que, pour vraiment bien faire, et reproduire, en somme, la démarche intelligente décrite ci-dessus à propos du trépied, le seul choix possible était celui de la tête Arca-Swiss dite « Cube » ou C1.




Ayant fait l’acquisition de l’objet, je souhaite livrer ici quelques-unes de mes premières réflexions.

Le Cube est lourd et volumineux, mais si sa géométrie lui donne une apparence massive, il n’est pas fondamentalement plus encombrant ni plus pesant que ma BH-55. Il arrive dans une boîte de carton noire, correctement protégé par de la mousse mais sans plus, et accompagné de deux minables pages d’instructions agrafées (en anglais seulement, et un anglais approximatif) qui font vraiment bon marché, comme ce qu’on s’attendrait à trouver sur un ersatz fabriqué en Chine —et encore, dans ce cas, le papier serait probablement glacé. Il est vrai qu’utiliser le Cube ne nécessite pas des centaines de pages d’instructions détaillées, d’autant plus que les acheteurs potentiels de ce produit seront dans la plupart des cas des photographes expérimentés, qui seront sans doute capables de faire fonctionner la bête sans lire le mode d’emploi. Mais quand même, vu le prix de vente, on pourrait s’attendre à quelque chose de moins amateur, à moins qu’il ne s’agisse tout simplement de snobisme à rebours.

De même, le Cube arrive dans un banal sac plastique genre Zip-Loc, sans le moindre étui. Je pensais que Nikon était le champion du monde des sacs pourris, vu la qualité toute relative de ceux que la marque livre avec ses objectifs (y compris les plus chers, voire mon récent PC 19mm ƒ/4 à décentrement et bascule), mais Arca-Swiss les bat à plate couture : il n’y a même pas le moindre sac. Une sacoche en cuir existe, semble-t-il, mais pour l’avoir, il faut encore allonger l’addition de plusieurs centaines d’euros !



Au chapitre des réglages, donc, le Cube bascule d’avant en arrière et de droite à gauche ; il pivote aussi d’un bloc sur son axe, ou seulement au niveau de la platine qui porte le boîtier. Tous ces réglages sont faciles à comprendre et présentent une bonne douceur de fonctionnement, à l’exception, hélas ! des deux engrenages principaux, qui certes ne souffrent pas du moindre jeu, mais sont durs à manœuvrer, y compris lorsque le réglage de la friction est au minimum… Espérons qu’il ne s’agit là que d’un défaut de jeunesse et que cette dureté mécanique disparaîtra à l’usage.

En ce qui concerne la stabilité de l’ensemble, c’est un succès : les deux mécanismes de pivotement, une fois bloqués, demeurent exactement en position, et quant aux engrenages, on se doute bien que, vu la résistance qu’ils opposent au mouvement, leur comportement demeurera irréprochable, même avec un lourd boîtier et un lourd objectif. Tel est bien le cas. Pas besoin de les bloquer, et d’ailleurs, rien n’est prévu pour cela. Les réglages sont très fins et précis, et s’il était possible de faire tourner les molettes plus facilement, ce serait parfait.



Un petit cocorico pour finir : en dépit de son nom, Arca-Swiss n’a plus rien de suisse depuis belle lurette, c’est devenu une marque parfaitement française, établie à Besançon avec un magasin de pièces à Nîmes. On maintient soigneusement les apparences, cela étant : outre le sommaire mode d’emploi décrit ci-dessus, mon Cube me parvint avec un petit feuillet A5 vantant les mérites d’une chambre Arca-Swiss… en allemand, pour commencer, puis en anglais… Pas un mot de français en vue ! Décidément, en dépit de l’Airbus et du TGV, la France a encore bien des progrès à faire en termes de réputation pour les produits haut de gamme, si un fabricant français de tels produits fait tout ce qu’il peut pour laisser croire à ses clients qu’il est suisse !

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